lundi 25 mars 2013

Rencontre avec Brigitte Smadja

Chère Marie,


Nous avons récemment eu ton histoire en main et ce fut un régal de lire les quelques cent nonante-et-une pages de la version 1.2 de ta vie.
Sans s’en rendre compte, nous nous sommes toutes reconnues à travers ton témoignage et c’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles nous t’écrivons aujourd’hui.
Cependant, certaines questions demeurent sans réponse et nous préférons nous adresser directement à la principale intéressée avant de consulter la future Marie, celle qui nous livrera son histoire très prochainement, je l’espère.

Tout d’abord, nous souhaiterions savoir où en est ta relation avec l’amour de ta vie, Samuel.
L’as-tu revu ? Si oui, comment cela s’est-il passé ? D’après ce que Karim t’a reporté, on dirait bien que tu ne t’es peut-être pas trompée à son sujet. Il se pourrait bien que ton amour pour lui ne soit pas à sens unique. Fonce ! Nous avons hâte d’en savoir plus !

Ensuite, (et nous nous excusons pour ce côté voyeuriste, reporte la faute sur les réseaux sociaux et la transparence de la majorité des individus qui y sont inscrits) nous avons remarqué que tu étais fort taiseuse à propos de Pierre Kahn. Avant de le connaître, avec Louise, tu n’avais d’yeux que pour elle, et ce depuis le début de ton année dans ce nouveau lycée. Es-tu vraiment tombée sous son charme le temps d’une journée ? Qu’est-ce qui t’a le plus attirée en lui ?
Pardonne-nous ces questions indiscrètes mais quel fut notre étonnement lorsque tu confies votre aventure !
Pierre Kahn et l’amour qu’il éprouvait pour toi en secret depuis plusieurs mois… Et tu affirmes ne rien avoir constaté durant tout ce temps mais est-ce la vérité ? Voyais-tu en lui la Marie que tu étais avec Samuel lorsque vous étiez encore enfants, celle qui a souffert du manque d’attention de son amoureux secret ?

Nous aimerions également te donner un conseil à propos de Karim. Surtout, respecte-le, il a vraiment l’air de tenir à toi malgré votre dispute. Des amis comme lui, on en a peu et c’est ce qui le rend précieux. Et, entre nous, quel gentleman … !

Enfin, nous nous demandons si tu resteras dans le même bahut l’année prochaine et si tu comptes revoir Louise et Pierre à la rentrée. A propos, as-tu gardé contact avec eux ? Nous te souhaitons également d’élargir ton cercle d’amis à l’école bien que la tâche soit compliquée au vu du manque de popularité de ton amie Louise.

Nous nous réjouissons de te lire à nouveau et d’avoir réponse à ses nombreuses questions, chère Marie.

Nous t’embrassons,

Tes lectrices, Alice, Célia et Laure.

P.S. : les beignets à la fleur d’oranger de ta maman ont mis l’eau à la bouche de tes trois fans dès le début de ton récit. Nous avons tenté l’expérience de nombreuses fois à la maison, en vain… Nous insistons pour avoir la recette d’une experte ! Pourrais-tu demander à ta maman de partager son secret ? Nous en salivons déjà !

Lettre à Marie (J'ai hâte de vieillir)

Voici ce que nous avons décidé de faire avec les différentes exploitations pédagogiques possibles. Moi qui étais dubitative, je dois avouer que cette lettre à un personnage s'est avérée très plaisante ! Pour la rédaction de cette lettre, nous avons réalisé que nous avions des tonnes de questions à poser à Marie. Certaines questions étaient clairement voyeuristes et curieuses, ce qui a, à mon sens, rendu l’activité très vivante pour la commère que je peux être. Je suis convaincue que cette exploitation pédagogique est à proposer aux élèves pour presque chaque lecture. En effet, nous sommes souvent passifs face à un livre. Nous le lisons, nous tentons de comprendre ce que l'auteur nous dit mais nous allons rarement plus loin. Ici, écrire une lettre à un personnage éveille à la réflexion, à l'envie de connaître la suite si elle existe et pourquoi pas de suggérer une suite ! Parmi les autres exploitations pédagogiques, une m'a plu. Il s'agit de la réécriture de la fin du récit. Ici aussi, je pense que cette activité rend réellement le lecteur actif dans sa lecture. Il ne se contente pas de recevoir les informations qu'on lui donne, mais s'exprime s'il n'est pas satisfait. Après tout, chacun retire d'une histoire ce qu'il veut en retirer, que ce soit mal ou pas, c'est ainsi que fonctionnent beaucoup de personnes...

Passons à la rencontre, ce mardi 5 mars et entrons dans le vif du sujet :

Ce type de rencontre n'est pas pour moi. J'ai passé plus de temps à m'énerver sur les réactions de certains qu'à réellement boire les paroles de l'oratrice. Vu mon tempérament, je m'y attendais. Il y a eu certains moments où j'aurais voulu rentrer sous terre. Il y a eu de nombreux instants où je pensais "Oh non, beaucoup trop caricaturale cette femme, on croirait voir Edith Piaf la tragique". Je ne sais pas si c'est un manque de respect de ma part, mais c'est réellement ce que j'ai pensé, dans la même veine que mes premières impressions après avoir lu "Mon écrivain préféré". 
Que les choses soient claires : ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé que je n'y vois aucun intérêt pédagogique ! J'ai parlé plus haut en tant qu'Alice, mais si je parlais en tant que future prof, je dirais que la rencontre entre un écrivain et une classe peut être une réelle source de motivation, car de cette rencontre peuvent aboutir de nombreux projets. Cela peut aussi bien concerner la simple lecture d'un livre que l'élaboration de toute une séquence de français. De plus, rencontrer un écrivain, c'est jouer sur l'affectif. Je pense que de manière générale, cette méthode est une méthode qui fonctionne bien auprès des élèves. Ceux-ci sont motivés parce qu'ils ont le sentiment de connaître un peu l'auteur et se sentent donc bien plus concernés. Autre aspect positif à la rencontre écrivain-élèves, c'est que l'on fait découvrir aux élèves qu'un écrivain n'est pas toujours quelqu'un qui est mort ! Cette anecdote nous a souvent été répétée depuis le début de notre cursus, je l'ai encore constaté en stage !

En conclusion, je suis "mi figue, mi raisin". D'un point de vue personnel, il y a pour moi à boire et à manger dans ce type d'activité, mais d'un point de vue pédagogique, elle prend tout son sens !

Lectures au sujet de Brigitte Smadja...

Il y a maintenant 3 semaines, nous avons rencontré Brigitte Smadja. Trois semaines déjà, trois semaines seulement.
Avant d’entamer ce post, je tiens à apporter quelques précisions : j'ai éprouvé et éprouve toujours beaucoup de difficultés quant à un avis à donner ! J'ai longtemps réfléchi à la question, l'ai longtemps repoussée au lendemain tant je suis [presque] passée par tous les sentiments... Ce qui est certain, c'est que j'ai le sentiment d'avoir à la fois touché de très près, puis de très loin cette femme, ce personnage. Personnellement, c'est quelque chose d'assez compliqué pour moi. Je me réserve beaucoup.
Pour l'écriture de ce post, je décide donc de procéder par ordre chronologique, de manière à maintenir au moins un aspect objectif !

I. "Mon écrivain préféré"
De manière à bien préparer la rencontre, nous avons reçu de Mme Centi le livret de la série "Mon écrivain préféré" consacré à Brigitte Smadja. De cette façon, nous nous sommes familiarisés avec le personnage, l'écrivain, mais pas que. Nous avons également reçu un catalogue de la collection théâtre de l'école des loisirs, collection dirigée par Brigitte Smadja. Voilà donc deux choses que nous savons maintenant : Brigitte Smadja est écrivain, éditrice, femme, professeur, amie et bien d'autres choses encore.
Après lecture de "Mon écrivain préféré", j'étais sceptique. Je me souviens l'avoir dit en classe d'ailleurs. En fait, j'avais vraiment le sentiment que la personne qu'on me décrivait était "trop". Pour moi, ça manquait parfois de nuance (Demandez à mes proches, je suis insupportable à toujours vouloir faire entrer en compte la Nuance) et j'avais même l'impression que je n'allais pas aimer cette femme ! À côté de ça, il y a tout de même des points que j'ai aimés dans ce livret, notamment lorsque je lis : "L'école représentait une échappée extraordinaire hors du monde étriqué dans lequel je vivais.". Le lien que je vais faire peut paraître surprenant, mais je ne peux m'empêcher de penser à Karl Lagerfeld ! En effet, je suis assez étonnée voire fascinée par cette détermination que certains ont dès leur plus jeune âge : si Brigitte Smadja a pris conscience très tôt du rôle de l'école comme moyen d'émancipation sociale, Karl Lagerfeld, lui aussi, dit "Très jeune, j'étais déjà certain de vouloir me tirer de cette campagne allemande". Tous deux y sont parvenus ! C'est vital d'avoir des figures d'exemple et d'optimisme à mon sens.

II. Choisir, c'est renoncer.
Voici le moment où il nous faut réfléchir et faire un choix. Voici le mien : parmi les textes de Smadja, je choisis "J'ai hâte de vieillir"; je me penche sur "Le Mioche" de Philippe Aufort pour la collection théâtre.


Ah, j'ai hâte de vieillir ! Comme vous pouvez le constater, le livre fonctionne mieux chez moi que la présentation de son auteur. J'ai apprécié ce livre et je le recommanderais à de nombreuses adolescentes ! Je me suis beaucoup reconnue dans ce texte, je suis d'ailleurs étonnée de constater à quel point cela m'a parlé alors que 6 années se sont déjà écoulées depuis mes 16 ans (note à moi-même : on va arrêter de faire le décompte des années, ça fait mal). Selon moi, ce livre est très féminin, il exprime vraiment ce que peut ressentir une fille de cette tranche d'âge et chose très importante : il met fin à l'idée "on ne peut pas savoir ce que c'est de l'Amour à 16 ans!". Pour cette raison, je pense que j'aurais sans doute plus tendance à prescrire ce livre au cours de morale, plus particulièrement en phase libérative pour une leçon sur l'amour, même si cette pratique doit être rarissime !

La Guerre... Voilà bien un sujet qui ne me laisse pas indifférente, c'est sans doute une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de lire Le Mioche. Le résultat chez moi est sans appel : j'aime vraiment cette pièce. Tellement de choses à dire à ce sujet... Tout d'abord je pense que la Guerre est un thème qui nous a toujours concernés et nous concernera toujours : notre passé, notre Histoire nous renvoient très souvent à une guerre. 
La dernière n'a d'ailleurs pas encore fêté ses 70 ans ! La Guerre, c'est à la fois le mal et le bien pour moi. Le mal parce qu'elle dévaste des peuples et des pays; le "bien" parce qu'elle a néanmoins de tristes utilités dans une société, notamment celle de réguler la population. Par les temps qui courent, il me semble vital de prêter attention à la thématique de la guerre. Selon moi, admettre qu'elle a ses bons côtés et peut représenter une tentation est une meilleure défense face aux dérives que nous subissons dans notre pays, au sein de l'Europe et dans le monde entier. C'est dans cette optique que j'ai entamé la lecture du Mioche. Une autre qualité de cette pièce est qu'elle est très poétique, très pudique. Les mots sont joliment choisis, voici un passage qui m'a beaucoup émue, tant sur le fond que sur la forme :
Moi, je ne te dis pas mon nom... Je l'ai perdu mon nom... Maintenant c'est mon histoire : un jour Tonton les Gosses m'attrape, comme toi, comme nous, pour tuer les monstres. On boit et on me drogue avec du nikril pour que mon nom, enfin moi, tue les monstres...Mon père ma mère et ma famille ne sont pas des monstres... Mon nom, enfin moi, ne voyait plus que ma famille n'était pas des monstres... Mon nom, enfin moi, qui avait bu le nikril tu vois... Mon nom, moi a tué mon père ma mère et ma famille tout en même temps avec une kalachnok... Alors je peux pas vivre avec mon nom...Mon nom, moi, n'existe plus maintenant, il s'est tué en tuant ma famille. Ce n'est pas grave de n'avoir plus de nom... Ce n'est pas si grave... hein ? ... hein? Alors comment tu t'appelles ?

Prochaine étape : compte-rendu sur la rencontre et exploitations pédagogiques !