lundi 28 janvier 2013

Retour au calme : Junk

J'ai terminé le livre le lendemain matin. 

Avant toute chose, faisons un bref retour sur ce que j'ai dit dans mes premières impressions... Visiblement, je me suis arrêtée au moment où il ne le fallait pas, parce que dès que j'ai recommencé à lire, je me suis un peu calmée, quoique. Je vais laisser mon premier post, même si je suis un peu "gênée" de la manière dont je peux m'emporter ! On l'aura remarqué maintenant, je suis assez nerveuse et j'ai parfois du mal avec la tolérance tellement mes nerfs bouillonnent ! Néanmoins, moi qui croyais au début que ce livre n'allait absolument pas m'intéresser car il traitait d'un sujet qui ne m'a jamais vraiment touchée, je me suis trompée puisque l'avoir fini aussi rapidement me prouve que j'y ai tout de même trouvé un intérêt. Il m'a d'ailleurs permis de me souvenir que j'avais vraiment aimé Trainspotting, qui traite pourtant de ce même sujet, qui n'est pas susceptible de m'intéresser.

Retour sur le livre maintenant...

     De manière générale, j'ai aimé mais je suis très partagée. Je crois que je suis quasiment incapable d'émettre un avis sur ce que j'ai réellement aimé, parce que j'ai toujours tendance à prendre le contre pied de ce que j'avance. En voici quelques preuves...
     J'ai peut-être été sévère avec Richard : je l'ai jugé très vite et je n'aurais peut-être pas dû puisqu'il se révèle en fait être un des moins cinglés dans cette histoire. Je ne sais même pas s'il s'améliore réellement au cours de l'histoire, ou si je l'ai tout simplement préféré parce qu'il contraste avec les deux autres "yeah yeah pique-toi, meurs demain si tu veux mais sois cool". Parce que ces deux-là, c'est sûr, je ne peux pas être tolérante !
    En ce qui concerne Gemma, je me suis un peu calmée aussi : j'ai vraiment ressenti du dégoût et de la haine envers elle pendant une grande partie de l'histoire, puis ça s'est apaisé quand elle a pris conscience de son amour pour Nico, à ce moment-là je me suis dit "elle s'ouvre enfin à quelqu'un d'autre qu'elle !". Pourtant, je ne suis pas une férue des histoires d'amours, je ne suis pas constamment dans l'attente d'une explosion de petits cœurs, mais ici j'ai vraiment trouvé que ça marquait en elle une évolution. Son évolution a progressé avec pour élément décisif sa grossesse. Là encore, je ne peux qu'applaudir sa prise de conscience, puisque l'on nous montre que tout le monde n'est pas capable d'en faire autant, même pour un enfant (cf Lily). Mais là aussi, je suis partagée. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à certains moments qu'il était dommage de toujours prendre la grossesse comme L'élément décisif pour la prise de conscience, et que j'aurais trouvé plus intéressant qu'elle le fasse vraiment pour elle. Ici je n'appuie aucune certitude, je suis encore trop partagée quant au thème de la grossesse en elle-même et ça a joué, vous le voyez. Un aspect que j'ai beaucoup apprécié, cette fois sans contre pied, est la réflexion au sujet de la personne que l'on devient en fonction du contexte dans lequel on vit, on évolue : la Gemma de Minely n'est pas la Gemma de Bristol. Je dois avouer que je me suis assez amusée, ou parfois l'inverse, à imaginer ce que je serais SI...
Au final, je regrette qu'elle s'en sorte aussi bien - même si elle a du mérite -, contrairement à Nico, à qui je m'étais plus attachée. Mais même si je suis triste pour Nico, je suis contente que l'histoire ne se termine pas sur un "tout est bien qui finit bien" comme on a tendance à le faire en littérature jeunesse. On vise un public plus âgé que celui de Cornebique bien sûr, et je trouve intéressant de donner aux jeunes une histoire où tout n'est pas noir, mais tout n'est pas blanc non plus. Cela pousse bien plus à la réflexion je trouve...

D'un point de vue pédagogique....

     Durant toute la lecture de ce livre, ça m'a sauté aux yeux : le cours de morale ! Cette histoire aborde essentiellement le thème de la drogue, je ne vous apprends rien. Il va donc de soi que de nombreux extraits pourraient être repris pour être donnés aux élèves. Voici un exemple d'extrait que j'avais sélectionné par s'insérer en phase libérative :
Je suis resté là avec mes deux misérables comprimés contre le mal de tête jusqu'à ce qu'un maton me sorte d'autorité de la pièce. J'étais effondré. Deux comprimés de paracétamol ! Ça devait être contraire à la Convention de Genève, ce n'était pas possible. Je veux dire, la prison je pouvais comprendre. À la limite, des électrodes dans le derrière, aussi. Mais seulement deux comprimés de paracétamol en pleine descente de méthadone, c'était vraiment inhumain.
J'ai choisi celui-ci, mais il doit y avoir bon nombre d'autres extraits possibles à insérer dans une leçon de morale, tant pour une phase libérative, formative ou constructive.
     Pour le cours de français cette fois, je vois peut-être moins d'exploitations possibles, mais le livre me paraît être un bon outil pour étudier la polyphonie d'un récit. L'enfant-Océan de Mourlevat avait  déjà cet aspect, mais celui-ci est intéressant dans le sens où il nous montre comment, par le biais de la polyphonie, le lecteur peut être manipulé par un narrateur, se sentir tout petit face à ce qu'il lit, ou au contraire, juger.
Voici quelques exemples, ce qui m'a plu, m'a reliée à certains avis tout en étant consciente que le discours était orienté par un/une héroïnomane :
C'est le problème de la plupart des gens. Ils rêvent d'être éternels. Alors, quand on leur annonce qu'on veut juste vivre sa vie, et que si ça signifie mourir dans trois ans, ce n'est pas grave, ça les rend fous. Mais qu'est-ce qu'ils peuvent répondre à cela ? À partir du moment où on décide que ça n'a aucune importance de ne jamais avoir vingt ans, il n'y a plus rien à dire contre l'héroïne, non ?
Ouais, c'est aussi dégradant que d'aller au boulot cinq jours par semaine. De descendre à la mine. De passer sa vie dans un bureau pendant que le soleil brille pour les autres. De se marier, d'avoir des gosses et de s'apercevoir que son mari n'est qu'un connard qui vous bat et qui veut faire ça tous les jours sans que vous ayez le droit de dire non, même si  vous le détestez, tout ça pour gagner moins d'argent en une semaine que Lily en deux heures.

Bien sûr, ça, ils ne vous le diront jamais. Ce n'est pas qu'ils veulent vous empêcher de vous droguer. Au contraire. Le truc, c'est qu'ils veulent être sûrs que vous prenez les bonnes drogues. Ça fait partie du contrôle mental. Le tabac, l'alcool, les médicaments, c'est bon. Le hasch, l'acide, l'héro, c'est mauvais.
 Et j'en passe évidemment !
En conclusion, je dois bien admettre que ce livre m'a plu !

mercredi 16 janvier 2013

Exercice d'écriture à partir du tableau "Le cauchemar" de Füssli


Voici un exercice que nous a demandé Mme Audin. Au départ, nous recevons une peinture par groupe de deux. Nous avons reçu "Le cauchemar" de Füssli. Après divers exercices, nous avons eu pour tâche de rédiger l'histoire de ce tableau et de considérer celui-ci comme étant la situation finale de notre nouvelle. 


     Aujourd'hui, c'est la dernière ligne droite avant la fin de ce procès qui me préoccupe depuis des semaines. Des heures et des heures passées à chercher la faille qui pourra sauver mon client de la condamnation, des nuits entières à travailler et la solution m'est apparue comme si je l'avais toujours eue sous les yeux : faute de procédure lors de l'arrestation. Le juge appelle mon client à la barre, j'espère que tout se passera bien. En principe, ça devrait ; on s'est assez bien préparés. Nous venons encore de réviser sa défense.
     Ce n'est pas l'affaire la plus facile dont je m'occupe : viol sur mineure suivi d'un meurtre. Vraiment pas le genre d'affaire qui enchante le plus les jurés... Mais j'ai confiance, car sans me vanter, je suis la meilleure dans mon domaine. Jusqu'ici, aucune bourde : mon client est calme et répond aux questions qui lui sont posées avec fluidité et décontraction. Pour peu, on croirait qu'il est simplement accusé d'avoir volé un bonbon. Ça y est, chaque partie a interrogé l'accusé et les jurés se retirent pour délibérer. Je pense qu'on va gagner, mais rien n'est encore joué. J'ai bien fait d'invoquer la faute de procédure lors de l'arrestation de mon client, cette faute devrait le sauver. Je sais qu'il est coupable, mais je me dois de le défendre, pour mon bien vous comprenez. J'ai tellement besoin d'argent. Non pas parce que je n'en ai pas, au contraire je vis très bien : je suis issue d'un milieu aisé et possède plusieurs appartements en ville. Si j'ai besoin de cet argent, c'est bien pour pouvoir enfin clouer le bec à mon père qui me pense incapable de réussir comme lui. Puis après tout, c'est le propre de l'homme de toujours vouloir plus... Je ne fais pas exception à la règle.
     Les jurés ont fini de délibérer et déclarent l'accusé non coupable. Même si j'étais persuadée de gagner, me voilà soulagée. Il y a toujours un doute, mais maintenant je sais que j'aurai mon argent et je me fiche de savoir si oui ou non mon client a violé et tué cette jeune enfant ; tout ce qui m'importe, c'est mon salaire et ma réussite, peu importe qui je dois défendre pour ça. Je suis persuadée d'avoir fait le bon choix et la culpabilité ne m'effleure même pas.
     En sortant du tribunal, je croise les parents de la victime. La mère est effondrée : elle pleure et crie justice ; le père quant à lui me lance un regard mauvais, va jusqu'à m'insulter et me maudire pour mon insensibilité. Je n'en ai cure, j'ai fait mon travail, je serai payée pour, ça s'arrête là. Mon client n'aura pas cette chance : il se fera assassiner par le père de la victime, qui devra purger la peine dont mon client aurait dû écoper si l'on n'avait pas gagné le procès. Des vies sont gâchées à cause de moi, mais je n'en ressens pas la moindre culpabilité. Après tout, je vis pour moi et non pas pour les autres.
    J'ai touché plus d'argent que ce que je ne l'espérais. La belle vie m'attend et mon père en restera muet. Je ne tarde pas à m'acheter une belle maison à la campagne et m'y installe très vite, j'ai même engagé un majordome. Je suis vraiment devenue quelqu'un et n'en suis pas peu fière. J'organise une petite soirée et invite mes parents pour qu'ils constatent ma réussite. On mange et boit à foison. Ma mère est fière de moi, mais mon père trouve honteux que je m'en sorte en ayant protégé quelqu'un que je savais coupable. Il est jaloux, voilà tout ! La soirée s'achève et tout le monde part, mon père me dit en partant qu'un beau jour, je devrai payer pour ce que j'ai fait et que la culpabilité me rattrapera plus vite que je ne le pense. Je n'en suis pas persuadée. Qui donc pourrait me juger parce que j'ai fait mon travail ?! J'ai fait le bon choix et je l'ai fait pour moi et personne d'autre, tant pis si à lui, ça ne lui plaît pas. Après cette soirée plutôt réussie, je décide d'aller me coucher. Arrivée dans ma chambre, je sens que quelque chose ne va pas. Je chancèle, ma vue se brouille et je me sens mal. J'appelle mon majordome et lui demande de m'aider. Il me regarde et un sourire se dessine sur son visage. Il m'annonce que mon père avait raison et que ce soir, justice sera faite. Il m'explique alors que la victime de mon client était sa nièce. Effroi. C'était une petite fille très gentille qui faisait le bonheur de ses parents. Tous les jours, elle allait aider sa vieille voisine à entretenir sa maison, sortait son chien et nourrissait ses chats. Bref, la petite fille que tout parent rêve d'avoir. Déterminé à la venger, il s'est fait engager chez moi et a fini par m'empoisonner. Je comprends que je vais mourir. La peur commence à s'insinuer en moi, ensuite le regret, puis le pire : la culpabilité. Pendant qu'il m'observe, je divague et commence à halluciner, je vois des êtres difformes et effrayants : une gargouille, une tête de cheval au regard fou, le tout dans une ambiance lugubre. Qu'est-ce que cela signifie ? Que représentent-ils ? La mort ? La peur ? Non, ce n'est rien de ça. Ces créatures sont ma culpabilité qui vient me hanter, elles sont les représentations du mal que j'ai fait, de l'injustice que j'ai laissé opérer et je vais mourir accompagnée du sentiment que je redoutais le plus...

jeudi 10 janvier 2013

Junk, Melvin Brugges

J'ai commencé Junk aujourd'hui. 
J'en suis à la page 140 et jusqu'ici, je peux affirmer une chose : je déteste Gemma. Elle est tout ce que je déteste ! Une petite idiote totalement immature - savoir qu'elle a 13 ans ne me permet pas d'être indulgente -, issue d'une famille de saisis (pour éviter les grossièretés) à l'éducation douteuse et pathétique. Gemma donne vraiment l'impression d'être prédestinée à être mauvaise. Ingrate, égoïste, bête, et j'en passe. Autre idiot du village : Richard. Celui-là, qu'on ne me fasse pas croire qu'il n'est pas à côté de la plaque et que ses veines sont encore parmi nous ! Les grandes idées de ce gars montrent tout à fait les limites de sa pensée. Heureusement qu'on nous pose comme cadre les années 80, parce que sinon je risquerais d'être encore moins tolérante.
 Bon, voici ce que donne chez moi une réaction à vif, c'est fort en ressenti, voire hargneux, je le reconnais. 
Enfin, il y a quand même quelques points que j'apprécie dans ce texte. Premièrement, un aspect qui me plait est la polyphonie du récit, même si elle est sans doute la raison pour laquelle je m'énerve autant pendant ma lecture ! Toutefois, elle m'a permis d'apprécier un personnage jusqu'ici, qui est Skolly. Je crains qu'il ne soit le seul avec qui je tombe d'accord, et surtout, de ne plus le revoir au fil de ma lecture. C'est dommage, parce qu'il exprime assez bien ce qui me met hors de moi, ou plus légèrement, ce qui me fait sourire, un peu moqueuse. Voici quelques exemples :
David est allé aider Richard à préparer les hamburgers, et en un rien de temps, ils discutaient squat, anarchie, droit de l'individu à enfreindre la loi, ce genre de bêtises.

Il était fou de joie à l'idée de m'avoir fait bouffer ces machins. Il gloussait et il pouffait en douce. Il a dû croire que j'allais virer anar parce que j'avais avalé deux hamburgers aux haricots. Moi, ça m'est égal, sauf que les boucles d'oreilles ne me vont pas et que mon crâne chauve m'interdit la crête. Je n'ai pas eu le coeur de lui dire que ma bonne femme utilisait régulièrement du soja.

Merde alors, c'était pas une petite vieille ce gamin ! Il squattait une propriété privée, quand même. Fallait pas charrier et faire la morale aux gars qui traficotaient un peu. Je ne supporte pas ce genre d'hypocrisie. Elle fonctionne dans les deux sens, remarquez.