J'ai terminé le livre le lendemain matin.
Avant toute chose, faisons un bref retour sur ce que j'ai dit dans mes premières impressions... Visiblement, je me suis arrêtée au moment où il ne le fallait pas, parce que dès que j'ai recommencé à lire, je me suis un peu calmée, quoique. Je vais laisser mon premier post, même si je suis un peu "gênée" de la manière dont je peux m'emporter ! On l'aura remarqué maintenant, je suis assez nerveuse et j'ai parfois du mal avec la tolérance tellement mes nerfs bouillonnent ! Néanmoins, moi qui croyais au début que ce livre n'allait absolument pas m'intéresser car il traitait d'un sujet qui ne m'a jamais vraiment touchée, je me suis trompée puisque l'avoir fini aussi rapidement me prouve que j'y ai tout de même trouvé un intérêt. Il m'a d'ailleurs permis de me souvenir que j'avais vraiment aimé Trainspotting, qui traite pourtant de ce même sujet, qui n'est pas susceptible de m'intéresser.
Retour sur le livre maintenant...
De manière générale, j'ai aimé mais je suis très partagée. Je crois que je suis quasiment incapable d'émettre un avis sur ce que j'ai réellement aimé, parce que j'ai toujours tendance à prendre le contre pied de ce que j'avance. En voici quelques preuves...
J'ai peut-être été sévère avec Richard : je l'ai jugé très vite et je n'aurais peut-être pas dû puisqu'il se révèle en fait être un des moins cinglés dans cette histoire. Je ne sais même pas s'il s'améliore réellement au cours de l'histoire, ou si je l'ai tout simplement préféré parce qu'il contraste avec les deux autres "yeah yeah pique-toi, meurs demain si tu veux mais sois cool". Parce que ces deux-là, c'est sûr, je ne peux pas être tolérante !
En ce qui concerne Gemma, je me suis un peu calmée aussi : j'ai vraiment ressenti du dégoût et de la haine envers elle pendant une grande partie de l'histoire, puis ça s'est apaisé quand elle a pris conscience de son amour pour Nico, à ce moment-là je me suis dit "elle s'ouvre enfin à quelqu'un d'autre qu'elle !". Pourtant, je ne suis pas une férue des histoires d'amours, je ne suis pas constamment dans l'attente d'une explosion de petits cœurs, mais ici j'ai vraiment trouvé que ça marquait en elle une évolution. Son évolution a progressé avec pour élément décisif sa grossesse. Là encore, je ne peux qu'applaudir sa prise de conscience, puisque l'on nous montre que tout le monde n'est pas capable d'en faire autant, même pour un enfant (cf Lily). Mais là aussi, je suis partagée. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à certains moments qu'il était dommage de toujours prendre la grossesse comme L'élément décisif pour la prise de conscience, et que j'aurais trouvé plus intéressant qu'elle le fasse vraiment pour elle. Ici je n'appuie aucune certitude, je suis encore trop partagée quant au thème de la grossesse en elle-même et ça a joué, vous le voyez. Un aspect que j'ai beaucoup apprécié, cette fois sans contre pied, est la réflexion au sujet de la personne que l'on devient en fonction du contexte dans lequel on vit, on évolue : la Gemma de Minely n'est pas la Gemma de Bristol. Je dois avouer que je me suis assez amusée, ou parfois l'inverse, à imaginer ce que je serais SI...
Au final, je regrette qu'elle s'en sorte aussi bien - même si elle a du mérite -, contrairement à Nico, à qui je m'étais plus attachée. Mais même si je suis triste pour Nico, je suis contente que l'histoire ne se termine pas sur un "tout est bien qui finit bien" comme on a tendance à le faire en littérature jeunesse. On vise un public plus âgé que celui de Cornebique bien sûr, et je trouve intéressant de donner aux jeunes une histoire où tout n'est pas noir, mais tout n'est pas blanc non plus. Cela pousse bien plus à la réflexion je trouve...
Pour le cours de français cette fois, je vois peut-être moins d'exploitations possibles, mais le livre me paraît être un bon outil pour étudier la polyphonie d'un récit. L'enfant-Océan de Mourlevat avait déjà cet aspect, mais celui-ci est intéressant dans le sens où il nous montre comment, par le biais de la polyphonie, le lecteur peut être manipulé par un narrateur, se sentir tout petit face à ce qu'il lit, ou au contraire, juger.
Voici quelques exemples, ce qui m'a plu, m'a reliée à certains avis tout en étant consciente que le discours était orienté par un/une héroïnomane :
En conclusion, je dois bien admettre que ce livre m'a plu !
En ce qui concerne Gemma, je me suis un peu calmée aussi : j'ai vraiment ressenti du dégoût et de la haine envers elle pendant une grande partie de l'histoire, puis ça s'est apaisé quand elle a pris conscience de son amour pour Nico, à ce moment-là je me suis dit "elle s'ouvre enfin à quelqu'un d'autre qu'elle !". Pourtant, je ne suis pas une férue des histoires d'amours, je ne suis pas constamment dans l'attente d'une explosion de petits cœurs, mais ici j'ai vraiment trouvé que ça marquait en elle une évolution. Son évolution a progressé avec pour élément décisif sa grossesse. Là encore, je ne peux qu'applaudir sa prise de conscience, puisque l'on nous montre que tout le monde n'est pas capable d'en faire autant, même pour un enfant (cf Lily). Mais là aussi, je suis partagée. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à certains moments qu'il était dommage de toujours prendre la grossesse comme L'élément décisif pour la prise de conscience, et que j'aurais trouvé plus intéressant qu'elle le fasse vraiment pour elle. Ici je n'appuie aucune certitude, je suis encore trop partagée quant au thème de la grossesse en elle-même et ça a joué, vous le voyez. Un aspect que j'ai beaucoup apprécié, cette fois sans contre pied, est la réflexion au sujet de la personne que l'on devient en fonction du contexte dans lequel on vit, on évolue : la Gemma de Minely n'est pas la Gemma de Bristol. Je dois avouer que je me suis assez amusée, ou parfois l'inverse, à imaginer ce que je serais SI...
Au final, je regrette qu'elle s'en sorte aussi bien - même si elle a du mérite -, contrairement à Nico, à qui je m'étais plus attachée. Mais même si je suis triste pour Nico, je suis contente que l'histoire ne se termine pas sur un "tout est bien qui finit bien" comme on a tendance à le faire en littérature jeunesse. On vise un public plus âgé que celui de Cornebique bien sûr, et je trouve intéressant de donner aux jeunes une histoire où tout n'est pas noir, mais tout n'est pas blanc non plus. Cela pousse bien plus à la réflexion je trouve...
D'un point de vue pédagogique....
Durant toute la lecture de ce livre, ça m'a sauté aux yeux : le cours de morale ! Cette histoire aborde essentiellement le thème de la drogue, je ne vous apprends rien. Il va donc de soi que de nombreux extraits pourraient être repris pour être donnés aux élèves. Voici un exemple d'extrait que j'avais sélectionné par s'insérer en phase libérative :
Je suis resté là avec mes deux misérables comprimés contre le mal de tête jusqu'à ce qu'un maton me sorte d'autorité de la pièce. J'étais effondré. Deux comprimés de paracétamol ! Ça devait être contraire à la Convention de Genève, ce n'était pas possible. Je veux dire, la prison je pouvais comprendre. À la limite, des électrodes dans le derrière, aussi. Mais seulement deux comprimés de paracétamol en pleine descente de méthadone, c'était vraiment inhumain.J'ai choisi celui-ci, mais il doit y avoir bon nombre d'autres extraits possibles à insérer dans une leçon de morale, tant pour une phase libérative, formative ou constructive.
Pour le cours de français cette fois, je vois peut-être moins d'exploitations possibles, mais le livre me paraît être un bon outil pour étudier la polyphonie d'un récit. L'enfant-Océan de Mourlevat avait déjà cet aspect, mais celui-ci est intéressant dans le sens où il nous montre comment, par le biais de la polyphonie, le lecteur peut être manipulé par un narrateur, se sentir tout petit face à ce qu'il lit, ou au contraire, juger.
Voici quelques exemples, ce qui m'a plu, m'a reliée à certains avis tout en étant consciente que le discours était orienté par un/une héroïnomane :
C'est le problème de la plupart des gens. Ils rêvent d'être éternels. Alors, quand on leur annonce qu'on veut juste vivre sa vie, et que si ça signifie mourir dans trois ans, ce n'est pas grave, ça les rend fous. Mais qu'est-ce qu'ils peuvent répondre à cela ? À partir du moment où on décide que ça n'a aucune importance de ne jamais avoir vingt ans, il n'y a plus rien à dire contre l'héroïne, non ?
Ouais, c'est aussi dégradant que d'aller au boulot cinq jours par semaine. De descendre à la mine. De passer sa vie dans un bureau pendant que le soleil brille pour les autres. De se marier, d'avoir des gosses et de s'apercevoir que son mari n'est qu'un connard qui vous bat et qui veut faire ça tous les jours sans que vous ayez le droit de dire non, même si vous le détestez, tout ça pour gagner moins d'argent en une semaine que Lily en deux heures.
Bien sûr, ça, ils ne vous le diront jamais. Ce n'est pas qu'ils veulent vous empêcher de vous droguer. Au contraire. Le truc, c'est qu'ils veulent être sûrs que vous prenez les bonnes drogues. Ça fait partie du contrôle mental. Le tabac, l'alcool, les médicaments, c'est bon. Le hasch, l'acide, l'héro, c'est mauvais.Et j'en passe évidemment !
En conclusion, je dois bien admettre que ce livre m'a plu !