Il y a maintenant 3 semaines, nous avons rencontré Brigitte Smadja. Trois semaines déjà, trois semaines seulement.
Avant d’entamer ce post, je tiens à apporter quelques précisions : j'ai éprouvé et éprouve toujours beaucoup de difficultés quant à un avis à donner ! J'ai longtemps réfléchi à la question, l'ai longtemps repoussée au lendemain tant je suis [presque] passée par tous les sentiments... Ce qui est certain, c'est que j'ai le sentiment d'avoir à la fois touché de très près, puis de très loin cette femme, ce personnage. Personnellement, c'est quelque chose d'assez compliqué pour moi. Je me réserve beaucoup.
Pour l'écriture de ce post, je décide donc de procéder par ordre chronologique, de manière à maintenir au moins un aspect objectif !
I. "Mon écrivain préféré"
De manière à bien préparer la rencontre, nous avons reçu de Mme Centi le livret de la série "Mon écrivain préféré" consacré à Brigitte Smadja. De cette façon, nous nous sommes familiarisés avec le personnage, l'écrivain, mais pas que. Nous avons également reçu un catalogue de la collection théâtre de l'école des loisirs, collection dirigée par Brigitte Smadja. Voilà donc deux choses que nous savons maintenant : Brigitte Smadja est écrivain, éditrice, femme, professeur, amie et bien d'autres choses encore.
Après lecture de "Mon écrivain préféré", j'étais sceptique. Je me souviens l'avoir dit en classe d'ailleurs. En fait, j'avais vraiment le sentiment que la personne qu'on me décrivait était "trop". Pour moi, ça manquait parfois de nuance (Demandez à mes proches, je suis insupportable à toujours vouloir faire entrer en compte la Nuance) et j'avais même l'impression que je n'allais pas aimer cette femme ! À côté de ça, il y a tout de même des points que j'ai aimés dans ce livret, notamment lorsque je lis : "L'école représentait une échappée extraordinaire hors du monde étriqué dans lequel je vivais.". Le lien que je vais faire peut paraître surprenant, mais je ne peux m'empêcher de penser à Karl Lagerfeld ! En effet, je suis assez étonnée voire fascinée par cette détermination que certains ont dès leur plus jeune âge : si Brigitte Smadja a pris conscience très tôt du rôle de l'école comme moyen d'émancipation sociale, Karl Lagerfeld, lui aussi, dit "Très jeune, j'étais déjà certain de vouloir me tirer de cette campagne allemande". Tous deux y sont parvenus ! C'est vital d'avoir des figures d'exemple et d'optimisme à mon sens.
II. Choisir, c'est renoncer.
Voici le moment où il nous faut réfléchir et faire un choix. Voici le mien : parmi les textes de Smadja, je choisis "J'ai hâte de vieillir"; je me penche sur "Le Mioche" de Philippe Aufort pour la collection théâtre.
Ah, j'ai hâte de vieillir ! Comme vous pouvez le constater, le livre fonctionne mieux chez moi que la présentation de son auteur. J'ai apprécié ce livre et je le recommanderais à de nombreuses adolescentes ! Je me suis beaucoup reconnue dans ce texte, je suis d'ailleurs étonnée de constater à quel point cela m'a parlé alors que 6 années se sont déjà écoulées depuis mes 16 ans (note à moi-même : on va arrêter de faire le décompte des années, ça fait mal). Selon moi, ce livre est très féminin, il exprime vraiment ce que peut ressentir une fille de cette tranche d'âge et chose très importante : il met fin à l'idée "on ne peut pas savoir ce que c'est de l'Amour à 16 ans!". Pour cette raison, je pense que j'aurais sans doute plus tendance à prescrire ce livre au cours de morale, plus particulièrement en phase libérative pour une leçon sur l'amour, même si cette pratique doit être rarissime !
La Guerre... Voilà bien un sujet qui ne me laisse pas indifférente, c'est sans doute une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de lire Le Mioche. Le résultat chez moi est sans appel : j'aime vraiment cette pièce. Tellement de choses à dire à ce sujet... Tout d'abord je pense que la Guerre est un thème qui nous a toujours concernés et nous concernera toujours : notre passé, notre Histoire nous renvoient très souvent à une guerre.
La dernière n'a d'ailleurs pas encore fêté ses 70 ans ! La Guerre, c'est à la fois le mal et le bien pour moi. Le mal parce qu'elle dévaste des peuples et des pays; le "bien" parce qu'elle a néanmoins de tristes utilités dans une société, notamment celle de réguler la population. Par les temps qui courent, il me semble vital de prêter attention à la thématique de la guerre. Selon moi, admettre qu'elle a ses bons côtés et peut représenter une tentation est une meilleure défense face aux dérives que nous subissons dans notre pays, au sein de l'Europe et dans le monde entier. C'est dans cette optique que j'ai entamé la lecture du Mioche. Une autre qualité de cette pièce est qu'elle est très poétique, très pudique. Les mots sont joliment choisis, voici un passage qui m'a beaucoup émue, tant sur le fond que sur la forme :
Moi, je ne te dis pas mon nom... Je l'ai perdu mon nom... Maintenant c'est mon histoire : un jour Tonton les Gosses m'attrape, comme toi, comme nous, pour tuer les monstres. On boit et on me drogue avec du nikril pour que mon nom, enfin moi, tue les monstres...Mon père ma mère et ma famille ne sont pas des monstres... Mon nom, enfin moi, ne voyait plus que ma famille n'était pas des monstres... Mon nom, enfin moi, qui avait bu le nikril tu vois... Mon nom, moi a tué mon père ma mère et ma famille tout en même temps avec une kalachnok... Alors je peux pas vivre avec mon nom...Mon nom, moi, n'existe plus maintenant, il s'est tué en tuant ma famille. Ce n'est pas grave de n'avoir plus de nom... Ce n'est pas si grave... hein ? ... hein? Alors comment tu t'appelles ?
Prochaine étape : compte-rendu sur la rencontre et exploitations pédagogiques !
"La Guerre, c'est à la fois le mal et le bien pour moi. Le mal parce qu'elle dévaste des peuples et des pays; le "bien" parce qu'elle a néanmoins de tristes utilités dans une société, notamment celle de réguler la population."
RépondreSupprimerAttention Alice ! Discours hautement sensible ! Dire que la guerre est "bien" car elle permet de faire des cadavres... Je ne pense pas que tu veuilles réellement dire ceci... je l'espère en tout cas.