La première chose que je dirais au sujet de ce livre est qu'il réserve de nombreuses surprises ! Allez savoir pourquoi, mais à entendre le titre, j'étais quasiment persuadée que nous allions avoir affaire à un roman fantastique ou un roman noir, qui serait donc à travailler de paire avec Dracula ! Je m'étais complètement trompée donc, mais visiblement ce titre n'évoque tout de même pas la joie puisqu'il me faisait pressentir quelque chose de sombre...
Comment écrire sur l'horreur ?
Cette question peut trouver sa réponse auprès de Sobibor. Bien entendu, je ne dis pas que ce récit est LA réponse à la question, mais il me semble que Jean Molla n'a pas à rougir, d'autant plus qu'il n'a pas besoin pour cela de s'éterniser sur des centaines et des centaines de pages ! Comment écrire sur l'horreur et sur ceux qui y ont participé ?! Car c'est de cela aussi qu'il s'agit et que j'ai particulièrement aimé : on relate l'horreur grâce au journal intime d'un membre de la Waffen-SS. Je ne suis pas experte en la matière, mais je ne pense pas que la liste de récits s'attardant sur les bourreaux de la Seconde Guerre mondiale soit si longue et c'est regrettable à mon sens...
Complexité, profondeur psychologique...
Jean Molla donne beaucoup de profondeur à ses personnages, même à ceux les plus secondaires ! Je pense au petit ami d'Emma ainsi qu'au patron du supermarché... Ces deux personnages n'ont pas à rougir alors qu'ils n'occupent pourtant pas une place centrale ! C'est un aspect que j'aime énormément dans ce livre, surtout lorsque l'on aborde le cas du grand-père, tour à tour Jacques Desroches, Karl Frank et enfin Paul Lachenal. Choisir trois identités pour une même personne au cours de son histoire est très judicieux de la part de l'auteur ! En effet, ces différentes identités prouvent à quel point l'humain peut être complexe. Peut-on dire du grand-père d'Emma qu'il est foncièrement mauvais ?! Je pense que répondre oui ou non à cette question serait une réponse bien trop facile, qui occulterait tout une partie du personnage et de son histoire... À ce sujet, cette ambiguïté me fait penser au film La liste de Schindler. En effet, Oskar Schindler profite de la guerre pour faire fortune : il s'installe à Cracovie pour faire des batteries de cuisine destinées à l'armée allemande. Pour réduire le coût de sa main d'oeuvre, il embauche des Juifs. Cet acte est tout à fait intéressé au départ, mais petit à petit, Schindler se surprend à engager plus d'effectif que ce dont il a besoin, dans le seul but de sauver des familles juives des camps. Que dire de ce personnage? Si à la fin, c'est le bon Schindler qui prime, c'est avec le mauvais que l'on a commencé...
Cet extrait vidéo est la toute fin du film, qui ne manque jamais de me donner la larme à l’œil. C'est un film que je regarde souvent car le sujet me tient à cœur, c'est comme si je ressentais le besoin, l'espace de deux heures, de me replonger dans le souvenir. Lire Sobibor m'a clairement fait un effet semblable, et je risque fort de relire ce livre à l'avenir, d'autant plus que ce récit souligne l'importance du devoir de mémoire en nous parlant d'un camp d'extermination dont on n'a à l'heure actuelle plus aucune trace. Moi-même, j'étais gênée lorsque j'ai réalisé que mes connaissances à ce sujet étaient visiblement assez limitées et qu'il s'agissait d'un vrai camp, car n'en ayant jamais entendu parler, j'ai cru que l'auteur inventait un camp ! Voilà donc un livre qui m'aura vraiment appris, aura enrichi ma culture à ce niveau. Le thème de l'extermination des Juifs me touche beaucoup, depuis toujours. Je ne suis pas plus concernée qu'un autre, je ne peux pas prétendre avoir du sang juif ni de grands-parents victimes des camps, mais je remarque que j'y suis fort sensible ! Cette lecture a donc été pour moi à la fois enrichissante par rapport à mes études et à mon futur métier, et une vraie lecture "plaisir" !
Comment parler d'anorexie ?
Si ce récit m'a essentiellement marquée parce qu'il traite de la guerre, l'autre thématique abordée en reste très intéressante. De l'anorexie, je connais les caractéristiques générales. Ce que l'on dit au sujet de cette maladie, c'est essentiellement que "des filles généralement, mal dans leur peau, refusent de s'alimenter jusqu'à se faire vomir". Je caricature bien sûr, mais j'ai le sentiment que l'on entend souvent le même type de discours, d'ailleurs assez simplistes ! Personnellement, j'ai trouvé ce thème très bien développé par l'auteur, parce qu'il traite d'anorexie, mais par quelques passages, il met aussi en garde la jeune fille en quête de minceur. Ainsi, le plaisir de contrôler son corps, poussé à l'extrême chez l'anorexique, est un sentiment que j'ai moi-même ressenti à certains moments. Ce sentiment, je ne l'ai jamais suivi à la lettre, mais je sais qu'il restera toujours au fond de moi, comme une tentation. Je pense que reconnaître des parties de soi dans un récit aussi dramatique peut vraiment mettre en garde le lecteur et l'interroger sur le but qu'il poursuit. Par exemple, si celui-ci ne pense pas à l'anorexie, il peut tout de même remarquer que ce type de plaisir tend vers la maladie. Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, je pense que ce type de texte peut parfois éviter le pire...
Si je dois parler maintenant de Sobibor en tant que future prof, je dirais que j'emploierais ce livre aussi bien en français qu'en morale.
En ce qui concerne le cours de français, je n'utiliserais pas ce livre avant la 3ème, car même s'il se lit rapidement, il exige du lecteur certaines références culturelles qui l'aident à saisir toute la portée du récit. J'envisagerais ce livre au niveau de la compréhension du texte, en demandant en parallèle aux élèves de faire des recherches pendant leur lecture au sujet de Sobibor, du contexte de la guerre 40-45 et enfin de l'anorexie. Les recherches des élèves se feraient à domicile, mais le prof interviendrait à des moments ponctuels pour vérifier la qualité des recherches, de manière à ce qu'elles n'induisent pas la compréhension de l'élève en erreur. Seraient également posées des questions concernant le grand-père et ses trois identités pour lesquelles les élèves devraient relever un champ sémantique, des expansions du nom, etc. Demander aux élèves de dresser la carte d'identité des personnages principaux avec des éléments du texte qui attestent des caractéristiques du personnage concerné serait aussi une piste à envisager également !
En ce qui concerne le cours de morale, j'opterais plutôt cette fois-ci non pas pour la lecture entière du livre, mais bien pour une sélection d'extraits. Un sujet de leçon en morale traite du devoir de mémoire et s'adresse à une classe de 3ème. Dans cette optique, parler du camp d'extermination Sobibor est à mon sens encore plus parlant que de traiter d'Auschwitz, car à la différence de ce camp mondialement connu, Sobibor a été oublié de tous. Il illustrerait ainsi doublement le travail de mémoire et enrichirait la culture de l'élève ! Je pense que Sobibor peut d'ailleurs s'insérer dans quasiment toutes les phases relatives à la construction d'une leçon de morale !
L'anorexie traitée dans ce récit est bien sûr un thème présent dans le programme de morale. Les extraits repris dans le livre pourraient très bien servir une phase libérative : en lisant les extraits, les élèves sont amenés à reconnaître la ou les maladie(s) dont on parle (anorexie et boulimie), puis à dire ce qu'ils savent au sujet de ces maladies. Une autre phase que je choisirais pour le cours est la phase constructive : après avoir reçu des informations sur l'anorexie et la boulimie, l'élève lit un passage où Emma parle de sa maladie. Il est invité à répondre à Emma en se basant sur ses connaissances au sujet de la maladie ainsi que sur les valeurs qu'il souhaite défendre.
Pour finir, ce livre figurerait dans la liste qui suggère aux élèves des lectures personnelles, mais il est clair que dans mon futur métier, j'essaierai d'aborder ce livre tant je le trouve important !
Comment parler d'anorexie ?
Si ce récit m'a essentiellement marquée parce qu'il traite de la guerre, l'autre thématique abordée en reste très intéressante. De l'anorexie, je connais les caractéristiques générales. Ce que l'on dit au sujet de cette maladie, c'est essentiellement que "des filles généralement, mal dans leur peau, refusent de s'alimenter jusqu'à se faire vomir". Je caricature bien sûr, mais j'ai le sentiment que l'on entend souvent le même type de discours, d'ailleurs assez simplistes ! Personnellement, j'ai trouvé ce thème très bien développé par l'auteur, parce qu'il traite d'anorexie, mais par quelques passages, il met aussi en garde la jeune fille en quête de minceur. Ainsi, le plaisir de contrôler son corps, poussé à l'extrême chez l'anorexique, est un sentiment que j'ai moi-même ressenti à certains moments. Ce sentiment, je ne l'ai jamais suivi à la lettre, mais je sais qu'il restera toujours au fond de moi, comme une tentation. Je pense que reconnaître des parties de soi dans un récit aussi dramatique peut vraiment mettre en garde le lecteur et l'interroger sur le but qu'il poursuit. Par exemple, si celui-ci ne pense pas à l'anorexie, il peut tout de même remarquer que ce type de plaisir tend vers la maladie. Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, je pense que ce type de texte peut parfois éviter le pire...
Si je dois parler maintenant de Sobibor en tant que future prof, je dirais que j'emploierais ce livre aussi bien en français qu'en morale.
En ce qui concerne le cours de français, je n'utiliserais pas ce livre avant la 3ème, car même s'il se lit rapidement, il exige du lecteur certaines références culturelles qui l'aident à saisir toute la portée du récit. J'envisagerais ce livre au niveau de la compréhension du texte, en demandant en parallèle aux élèves de faire des recherches pendant leur lecture au sujet de Sobibor, du contexte de la guerre 40-45 et enfin de l'anorexie. Les recherches des élèves se feraient à domicile, mais le prof interviendrait à des moments ponctuels pour vérifier la qualité des recherches, de manière à ce qu'elles n'induisent pas la compréhension de l'élève en erreur. Seraient également posées des questions concernant le grand-père et ses trois identités pour lesquelles les élèves devraient relever un champ sémantique, des expansions du nom, etc. Demander aux élèves de dresser la carte d'identité des personnages principaux avec des éléments du texte qui attestent des caractéristiques du personnage concerné serait aussi une piste à envisager également !
En ce qui concerne le cours de morale, j'opterais plutôt cette fois-ci non pas pour la lecture entière du livre, mais bien pour une sélection d'extraits. Un sujet de leçon en morale traite du devoir de mémoire et s'adresse à une classe de 3ème. Dans cette optique, parler du camp d'extermination Sobibor est à mon sens encore plus parlant que de traiter d'Auschwitz, car à la différence de ce camp mondialement connu, Sobibor a été oublié de tous. Il illustrerait ainsi doublement le travail de mémoire et enrichirait la culture de l'élève ! Je pense que Sobibor peut d'ailleurs s'insérer dans quasiment toutes les phases relatives à la construction d'une leçon de morale !
L'anorexie traitée dans ce récit est bien sûr un thème présent dans le programme de morale. Les extraits repris dans le livre pourraient très bien servir une phase libérative : en lisant les extraits, les élèves sont amenés à reconnaître la ou les maladie(s) dont on parle (anorexie et boulimie), puis à dire ce qu'ils savent au sujet de ces maladies. Une autre phase que je choisirais pour le cours est la phase constructive : après avoir reçu des informations sur l'anorexie et la boulimie, l'élève lit un passage où Emma parle de sa maladie. Il est invité à répondre à Emma en se basant sur ses connaissances au sujet de la maladie ainsi que sur les valeurs qu'il souhaite défendre.
Pour finir, ce livre figurerait dans la liste qui suggère aux élèves des lectures personnelles, mais il est clair que dans mon futur métier, j'essaierai d'aborder ce livre tant je le trouve important !
"mais je ne pense pas que la liste de récits s'attardant sur les bourreaux de la Seconde Guerre mondiale soit si longue et c'est regrettable à mon sens... " : il y en a un extraordinaire : "La Mort est mon métier" de Robert Merle (un classique du genre, à lire.)
RépondreSupprimer"En effet, ces différentes identités prouvent à quel point l'humain peut être complexe." Tu parles de la complexité des personnages secondaires, en effet, c'est un des grands avantages du livre. Jean Molla ne simplifie jamais. Et ce grand-père nous montre à quel point être humain peut être monstrueux...
Tu parles d'une exploitation possible dans tes classes, en soulignant une certaine 'préparation', je pense que tu as raison. Ce récit est hautement polémique et il peut susciter des réactions très différentes, préparer les élèves à le lire est indispensable.