Cette histoire commence au pays des Boucs. Un pays de bonne humeur et de rigolade. Oh les Boucs ne sont pas des gens compliqués ! Ce qu'ils aiment, c'est faire la java. Pendant la semaine on bosse dur, mais le samedi soir dans les villages, attention, tout le monde se retrouve dans une grange qui sert de salle des fêtes et ça danse, et ça saute jusqu'à point d'heure, des vrais dératés.
Autant dire qu'on ne croise pas tous les jours cette espèce et pourtant, dès qu'on entame le roman, il est très facile de se glisser dans le monde de Cornebique et de le suivre dans son incroyable aventure.
Cornebique est un jeune bouc qui décide de quitter son pays suite à une déception amoureuse. Il emporte avec lui son banjo pour unique bagage. En chemin, il rencontre tout d'abord une vieille cigogne, chargée d'apporter un petit loir loin du danger représenté par les Fouines qui en raffolent. C'est ainsi que le petit Pié sera le compagnon dormeur de Cornebique, qui continue toujours droit devant lui, s'éloignant encore de son pays d'origine. Course, tournoi d'injures et fuites seront tant d'aventures traversées par nos deux petits héros, qui rencontrent bientôt un troisième individu possédant lui aussi ses particularités, puisqu'il s'agit d'un coq médecin atteint d'amnésie.
Ensemble, ils luttent contre les Griffues, ces méchantes Fouines qui ne s'avouent pas facilement vaincues. Le combat ne se fait pas sans peur ni sans audace, mais c'est ensemble qu'ils vainquent la malveillance.
J'ai beaucoup apprécié ce roman, pour plusieurs raisons. Une des premières, qui m'est apparue dès les premières lignes est le vocabulaire employé : lire certaines expressions, certains mots, m'ont fait penser à l'univers campagnard que j'ai côtoyé quelques temps, et de manière plus générale, au village dans lequel je vis, aux discussions entendues etc. De plus, certains extraits font rire aussi bien les petits que les grands, pour des interprétations parfois quelque peu différentes évidemment, mais voyons plutôt :
"Celle-ci, il la chante en fin de soirée, quand les danseurs sont épuisés à force d'avoir bondi comme des haricots sauteurs du Mexique, et quand la bière a rendu les cervelles brumeuses."
En effet, je pense que ce qui aurait tendance à faire rire les enfants ici est la première "expression" en gras. Les plus âgés, quant à eux, auront un petit sourire en coin parce que la bière rendant les cervelles brumeuses fait - parfois trop - appel au vécu ;-)
Autre raison qui me fait apprécier ce livre concerne les trois personnages, fort attachants. Je m'attarde bien sûr sur Cornebique qui est très attentionné vis-à-vis de Pié, mais aussi sur Lem, ce pauvre coq amnésique et plein d'audace, n'hésitant jamais à inventer son personnage pour mieux passer entre les griffes des Fouines. Ce personnage est d'ailleurs un personnage théâtral à lui seul ! En faisant quelques fouilles, on reconnaît les traits d'un médecin tourné en ridicule, tout comme le faisait déjà la commedia dell'arte avec il dottore, dont Molière s'est inspiré à son tour pour aboutir au malade imaginaire...
Dans ce roman, le thème du voyage est à l'honneur, voyage qui ressemble à certains moments à de l'errance, mais toujours positive puisqu'elle est riche en nouvelles rencontres. Cette histoire est très joyeuse, mais je pense qu'elle peut tout aussi bien revêtir des formes bien moins agréables, comme par exemple le désir de "tout plaquer" après une déception. Dans ce cas-ci d'ailleurs, Cornebique décide de tout quitter à cause d'une déception amoureuse, ce qui n'est donc pas un début très heureux !
Dernier aspect plaisant du roman : il fait rire, vraiment rire ! Comme je l'ai dit plus haut, les petits comme les grands pourront se régaler en lisant cette histoire. Ce côté amusant me pousse d'ailleurs, lorsque je prends ma casquette de future enseignante, à conseiller ce texte aux élèves en tant que lecture plaisir, lecture de vacances. Je pense que c'est un bon moyen de montrer qu'il n'y a pas que la télé avec l'âge de glace qui soit capable de distraire autant et qu'on trouve parfois tout aussi bien dans d'autres domaines !
Petits coups de coeur personnels :
- employer l'image du bouc, qui est un animal faisant habituellement référence au mal, pour illustrer une personne si généreuse, si aimable
- le vocabulaire, les expressions qui renvoient directement aux sources pour ma part
- le thème du voyage qui est à la fois fantastique et grave : je me reconnais assez dans les deux aspects de celui-ci
- les Fouines : j'use et abuse de ce nom pour désigner des personnes un peu fourbes, et donc voir ici ce mot employé avec une majuscule m'a fait sourire à de nombreuses reprises. De plus, je ne sais pas pourquoi mais je m'attendris assez fort et assez bêtement lorsque je suis face à toutes sortes petits bêtes ridicules et appartenant à la famille des rongeurs (n'ayez pas peur pour autant...)
Petit PS : J'ai vu qu'il était possible d'acheter La Ballade de Cornebique en livre audio, où l'histoire nous est racontée par Jean-Claude Mourlevat lui-même. J'ai donc écouté un extrait et ai découvert quelques airs de banjo au cours de l'histoire !
On voit qu'il y a quelques restes d'analyse de l'année passée... tant mieux !
RépondreSupprimerAttention, veille à noter les sources de tes images. D'ailleurs qu'est-ce que cette image théâtrale ? D'où provient-elle ?