Une nuit, Yann réveille ses six frères aînés, tous jumeaux. Il faut fuir: leur père a menacé de les tuer. Irrésistiblement attirés par l'Océan, les sept enfants marchent vers l'Ouest.De l'assistante sociale au routier qui les prend en stop, du gendarme alerté de leur disparition à la boulangère qui leur offre du pain, chacun nous raconte à sa façon un peu de leur incroyable équipée.
Voici l'histoire de Yann, 10 ans mais de la taille d'un enfant de 2 ans, et de ses six frères.
Ce petit groupe va attiser la curiosité de chacun, et nous démontrer une foule de points de vue différents traitant toutefois d'un même moment, à un même lieu...
Tout d'abord, je tiens à préciser que ce livre m'a permis d'établir des liens, de faire des comparaisons avec d'autres objets culturels. Je pense notamment au film Rosetta des frères Dardenne (Palme d'Or au Festival de Cannes en 1999) : ce film est l'histoire de Rosetta, une jeune femme qui angoisse à l'idée de "tomber dans le trou", c'est-à-dire ne pas s'en sortir. J'ai vu ce film quand j'étais encore jeune (je suppose aux alentours de mes 10 ans), mais je me souviens qu'il m'avait touchée, en montrant cette fille au désir si fort d'évasion, comme le petit Yann qui rêve de l'Océan, sans limites. Autre lien établi, celui avec la chanson Espanola de Jali, et de manière générale, toute chanson traitant d'évasion. Troisième lien et non des moindres, celui avec le conte de Perrault, Le Petit Poucet :
Le livre est composé en deux parties, et chaque partie commence par un extrait du Petit Poucet : "Le plus jeune était fort délicat et ne disait mot"; "Hélas mes pauvres enfants, où êtes-vous venus? Savez-vous bien que c'est ici la maison d'un Ogre qui mange les petits enfants?". En plus de cela, nous retrouvons dans le texte de nombreuses similitudes avec le Petit Poucet, mais actualisées, reformulées pour notre époque (pauvreté, notion d'utilité des enfants, avorton ...).
D'un point de vue pédagogique, je pense que ce livre peut tout à fait être utilisé pour le cours de français. En effectuant quelques recherches dans le programme du cours de français, je remarque que de manière générale, il s'insère dans la tâche problème :
- "Ecrire une description ou un portrait en vue d'informer des adolescents de son âge". En effet, les élèves peuvent choisir un personnage et le décrire aux autres en fonction de ce qu'il a lu tout au long du récit. Par exemple : Yann est un garçon de dix ans qui a la particularité de ne mesurer que 80 centimètres. Il est intelligent et aime l'école, mais ne parle pas et pourtant, c'est lui qui mènera la danse. Et ainsi de suite.
- "Commencer un récit de fiction par une description (un personnage, un cadre, ...) qui donne envie de connaître la suite". Ici, il s'agira également d'aborder la description, mais aussi le genre littéraire du texte et les caractéristiques narratologiques qui permettront d'aborder la polyphonie, omniprésente dans ce texte.
- "Créer la couverture d'un récit de fiction pour susciter l'envie de lire" ou pour le programme de l'enseignement technique de qualification "Rédiger la première et quatrième de couverture". Il s'agit donc de susciter le côté créatif des élèves en tenant compte des éléments du récit, d'aborder le résumé apéritif, le schéma narratif, etc.
Les citations et passages qui m'ont inspirée : dans ce texte, il ne s'agit pas vraiment de citations, mais bien de passages qui me font découvrir un éventail de personnalités. Certaines me marqueront de par leur ressemblance avec des personnes que je connais, ou ai connues dans le passé. Pour celles que je n'ai pas connues, elles me laissent une trace, un échantillon de caractères qui en dit long sur les humeurs des Hommes. Exemple que j'affectionne et grosse pensée envers ma grande-tante Lisette (elle a déjà le prénom qui dit tout !) :
Agathe Merle, 74 ans : Des écureuils, d'après Maurice ! Des écureuils ! Le pauvre, il s'arrange pas avec l'âge. Est-ce qu'on a déjà vu des écureuils ouvrir un pot de confiture? Les boîtes de gâteaux secs je veux bien, ils auraient grignoté l'emballage, mais mon pot de rhubarbe, franchement ? J'irais bien demander aux voisins s'il y a rien eu chez lui mais j'ose pas déranger. C'est un écrivain. Je le sais par François, l'arrière-petit-neveu de la pauvre Germaine. Il est là pour deux ou trois semaines, cet homme. Il a besoin de calme pour travailler, il faut pas le déranger. Alors je dérange pas. Et pourtant, j'en aurais à lui raconter. C'est pas les histoires qui manquent, ici. Mon idée à moi pour la confiture, je la dis à personne parce qu'on me rirait au nez, mais n'empêche que je la soutiens mordicus : qu'est-ce qui est assez petit pour passer par la chatière, et qui a des doigts pour dévisser le pot de rhubarbe? Tournez et retournez la question comme vous voudrez, mais si vous avez pour deux sous de jugeote, vous arriverez à la même réponse que moi : c'est un singe. Un singe, je vous dis. Qui se sera échappé d'un cirque. Et voilà. En attendant, je vais dire à Maurice de clouer la chatière. La Minette fera ses besoins dans la litière et puis c'est tout.
De manière générale, je suis donc en faveur de la lecture de ce roman, tant pour son exploitation pédagogique que pour une lecture plaisir. Même si l'histoire en elle-même ne m'a pas tenue en haleine, ce sont vraiment les clins d'oeil au Petit Poucet et l'éventail des personnalités qui m'ont vraiment plu, m'ont replongée dans les évènements heureux du passé.
Ce livre fait partie de ceux que j'ai lus l'année passée, je ne peux donc pas mentionner d'hypothèses de lecture.
Replongée intéressante Alice... et... pauvre tante Lisette, si elle savait à qui tu la compares !
RépondreSupprimerN'hésite pas à relire certains passages du récit, d'une année à l'autre on peut réellement changer d'avis... crois-moi...
Très bonne initiative que de songer à cerner plus précisément ce que tu travaillerais avec tes élèves. B !