lundi 13 mai 2013

Dracula, Bram Stoker

Dracula...
     Personnellement, je suis un peu déçue par ce classique abrégé ! Je marche peut-être sur des œufs car n'ayant pas lu la version complète, je ne peux pas fournir de preuves à l'appui, mais j'ai le sentiment d'avoir parcouru l'histoire, de l'avoir simplement survolée. D'ailleurs, je n'ai jamais pu être totalement captivée par le récit et je m'emmêlais parfois entre les personnages et leurs histoires, je pense surtout à ma confusion Jonathan Harker - John Seward qui a exigé à de nombreuses reprises la relecture des lignes précédentes ! Ceci est la preuve chez moi que je ne suis pas rentrée dans l'histoire, que je l'ai observée de haut.
     En ce qui concerne Dracula et l'image du vampire, je n'ai rien appris de plus que ce que je savais déjà ! Fleurs d'ail, hostie, pieu dans le cœur et j'en passe, des éléments tellement connus à l'heure actuelle que lorsque je les lis, je les trouve clichés. Cela est sans doute dû aux nombreuses adaptations du vampire bien sûr, je ne remets pas la faute entière sur Bram Stoker, mais j'ai trouvé que cela perdait de son charme, même s'il faut remettre en contexte... Autre aspect du livre qui m'a un peu déçue : à aucun moment je n'ai ressenti de sentiment de peur, tout juste un peu de suspense de temps à autres... Ainsi, je referme ce livre sans être bouleversée ! 
     Comme je l'ai dit plus haut, je n'ai pas lu la version complète de Dracula, mais vu ma légère frustration en refermant l'abrégé, je pense peut-être entamer la lecture du "vrai" Dracula pendant les vacances ! Alors qui sait, ce classique abrégé peut-il susciter chez les élèves le même sentiment que chez moi, et éveiller leur curiosité pour connaître tous les détails, voire finir par apprécier cette histoire ! Ce soir, je vais suivre vos conseils et regarder la version de FF Coppola (enfin, si le téléchargement se termine !), peut-être pourrai-je me faire une meilleure idée de ce vampire, à qui l'on a ôté certains traits de sa personnalité !
     J'ai terminé le paragraphe précédent en parlant de traits de caractère ôtés à Dracula. Cela aussi, ça me frustre. Car si, comme je l'ai dit plus haut, j'ai retrouvé tout ce que je connaissais au sujet des vampires, il y a néanmoins un thème plus complexe selon moi qui n'est absolument pas abordé dans ce classique abrégé, il s'agit de la séduction. Le vampire a ce côté classe et séducteur, entendre "le comte Dracula" évoquait de suite chez moi cette classe qui lui était attribuée, or ici, il n'en est rien ! Pourquoi avoir complètement enlevé cette "partie" ? Je n'ai pas le sentiment qu'elle soit accessoire, car selon moi elle ajoute justement au personnage maléfique une certaine complexité, une profondeur. Non pas que je sois voyeuriste, mais tout de même ! Je sais que je me suis posée à plusieurs reprises les questions suivantes : quid des trois femmes qui vivent avec lui ? ; quid de Mina puisqu'il paraît que leur relation est bien plus fouillée ?, ... À ce sujet, je ne peux donc m'empêcher d'en vouloir à cette version, qui me donne l'impression d'avoir pratiqué la censure, pour ne pas froisser nos petits, si sensibles. 
     Je reste donc assez sceptique au sujet de ce récit, mais je pense que c'est surtout au classique abrégé que j'en ai ! Ainsi, je ne pense pas proposer ce type de livre à mes classes, car j'aurai le sentiment d'évincer une partie de l'histoire... Je ne sais pas s'il en va de même pour les autres classiques abrégés de l'école de loisirs, mais ici ce choix me paraît arbitraire. 
     En regardant sur leur site, je constate qu'ils proposent une belle liste de classiques abrégés ! Dans un sens, j'ai tendance à faire ma puriste et à dire qu'il est dommage de choisir la facilité, mais il suffit que j'observe mon propre comportement en la matière pour arrêter toute hypocrisie littéraire et admettre que si je commençais par lire toute cette liste de classiques, ce serait déjà pas mal ! 

Voici le dernier Dracula que j'ai vu au cinéma, la transition avec le film de FF Coppola sera sans appel !

Sobibor, Jean Molla



     La première chose que je dirais au sujet de ce livre est qu'il réserve de nombreuses surprises ! Allez savoir pourquoi, mais à entendre le titre, j'étais quasiment persuadée que nous allions avoir affaire à un roman fantastique ou un roman noir, qui serait donc à travailler de paire avec Dracula ! Je m'étais complètement trompée donc, mais visiblement ce titre n'évoque tout de même pas la joie puisqu'il me faisait pressentir quelque chose de sombre... 

     Comment écrire sur l'horreur ? 
Cette question peut trouver sa réponse auprès de Sobibor. Bien entendu, je ne dis pas que ce récit est LA réponse à la question, mais il me semble que Jean Molla n'a pas à rougir, d'autant plus qu'il n'a pas besoin pour cela de s'éterniser sur des centaines et des centaines de pages ! Comment écrire sur l'horreur et sur ceux qui y ont participé ?! Car c'est de cela aussi qu'il s'agit et que j'ai particulièrement aimé : on relate l'horreur grâce au journal intime d'un membre de la Waffen-SS. Je ne suis pas experte en la matière, mais je ne pense pas que la liste de récits s'attardant sur les bourreaux de la Seconde Guerre mondiale soit si longue et c'est regrettable à mon sens... 

     Complexité, profondeur psychologique...
Jean Molla donne beaucoup de profondeur à ses personnages, même à ceux les plus secondaires ! Je pense au petit ami d'Emma ainsi qu'au patron du supermarché... Ces deux personnages n'ont pas à rougir alors qu'ils n'occupent pourtant pas une place centrale ! C'est un aspect que j'aime énormément dans ce livre, surtout lorsque l'on aborde le cas du grand-père, tour à tour Jacques Desroches, Karl Frank et enfin Paul Lachenal. Choisir trois identités pour une même personne au cours de son histoire est très judicieux de la part de l'auteur ! En effet, ces différentes identités prouvent à quel point l'humain peut être complexe. Peut-on dire du grand-père d'Emma qu'il est foncièrement mauvais ?! Je pense que répondre oui ou non à cette question serait une réponse bien trop facile, qui occulterait tout une partie du personnage et de son histoire... À ce sujet, cette ambiguïté me fait penser au film La liste de Schindler. En effet, Oskar Schindler profite de la guerre pour faire fortune : il s'installe à Cracovie pour faire des batteries de cuisine destinées à l'armée allemande. Pour réduire le coût de sa main d'oeuvre, il embauche des Juifs. Cet acte est tout à fait intéressé au départ, mais petit à petit, Schindler se surprend à engager plus d'effectif que ce dont il a besoin, dans le seul but de sauver des familles juives des camps. Que dire de ce personnage? Si à la fin, c'est le bon Schindler qui prime, c'est avec le mauvais que l'on a commencé...
 Cet extrait vidéo est la toute fin du film, qui ne manque jamais de me donner la larme à l’œil. C'est un film que je regarde souvent car le sujet me tient à cœur, c'est comme si je ressentais le besoin, l'espace de deux heures, de me replonger dans le souvenir. Lire Sobibor m'a clairement  fait un effet semblable, et je risque fort de relire ce livre à l'avenir, d'autant plus que ce récit souligne l'importance du devoir de mémoire en nous parlant d'un camp d'extermination dont on n'a à l'heure actuelle plus aucune trace. Moi-même, j'étais gênée lorsque j'ai réalisé que mes connaissances à ce sujet étaient visiblement assez limitées et qu'il s'agissait d'un vrai camp, car n'en ayant jamais entendu parler, j'ai cru que l'auteur inventait un camp ! Voilà donc un livre qui m'aura vraiment appris, aura enrichi ma culture à ce niveau. Le thème de l'extermination des Juifs me touche beaucoup, depuis toujours. Je ne suis pas plus concernée qu'un autre, je ne peux pas prétendre avoir du sang juif ni de grands-parents victimes des camps, mais je remarque que j'y suis fort sensible ! Cette lecture a donc été pour moi à la fois enrichissante par rapport à mes études et à mon futur métier, et une vraie lecture "plaisir" !

     Comment parler d'anorexie ?
Si ce récit m'a essentiellement marquée parce qu'il traite de la guerre, l'autre thématique abordée en reste très intéressante. De l'anorexie, je connais les caractéristiques générales. Ce que l'on dit au sujet de cette maladie, c'est essentiellement que "des filles généralement, mal dans leur peau, refusent de s'alimenter jusqu'à se faire vomir". Je caricature bien sûr, mais j'ai le sentiment que l'on entend souvent le même type de discours, d'ailleurs assez simplistes ! Personnellement, j'ai trouvé ce thème très bien développé par l'auteur, parce qu'il traite d'anorexie, mais par quelques passages, il met aussi en garde la jeune fille en quête de minceur. Ainsi, le plaisir de contrôler son corps, poussé à l'extrême chez l'anorexique, est un sentiment que j'ai moi-même ressenti à certains moments. Ce sentiment, je ne l'ai jamais suivi à la lettre, mais je sais qu'il restera toujours au fond de moi, comme une tentation. Je pense que reconnaître des parties de soi dans un récit aussi dramatique peut vraiment mettre en garde le lecteur et l'interroger sur le but qu'il poursuit. Par exemple, si celui-ci ne pense pas à l'anorexie, il peut tout de même remarquer que ce type de plaisir tend vers la maladie. Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, je pense que ce type de texte peut parfois éviter le pire...

     Si je dois parler maintenant de Sobibor en tant que future prof, je dirais que j'emploierais ce livre aussi bien en français qu'en morale.
     En ce qui concerne le cours de français, je n'utiliserais pas ce livre avant la 3ème, car même s'il se lit rapidement, il exige du lecteur certaines références culturelles qui l'aident à saisir toute la portée du récit. J'envisagerais ce livre au niveau de la compréhension du texte, en demandant en parallèle aux élèves de faire des recherches pendant leur lecture au sujet de Sobibor, du contexte de la guerre 40-45 et enfin de l'anorexie. Les recherches des élèves se feraient à domicile, mais le prof interviendrait à des moments ponctuels pour vérifier la qualité des recherches, de manière à ce qu'elles n'induisent pas la compréhension de l'élève en erreur. Seraient également posées des questions concernant le grand-père et ses trois identités pour lesquelles les élèves devraient relever un champ sémantique, des expansions du nom, etc. Demander aux élèves de dresser la carte d'identité des personnages principaux avec des éléments du texte qui attestent des caractéristiques du personnage concerné serait aussi une piste à envisager également !
     En ce qui concerne le cours de morale, j'opterais plutôt cette fois-ci non pas pour la lecture entière du livre, mais bien pour une sélection d'extraits. Un sujet de leçon en morale traite du devoir de mémoire et s'adresse à une classe de 3ème. Dans cette optique, parler du camp d'extermination Sobibor est à mon sens encore plus parlant que de traiter d'Auschwitz, car à la différence de ce camp mondialement connu, Sobibor a été oublié de tous. Il illustrerait ainsi doublement le travail de mémoire et enrichirait la culture de l'élève ! Je pense que Sobibor peut d'ailleurs s'insérer dans quasiment toutes les phases relatives à la construction d'une leçon de morale ! 

     L'anorexie traitée dans ce récit est bien sûr un thème présent dans le programme de morale. Les extraits repris dans le livre pourraient très bien servir une phase libérative : en lisant les extraits, les élèves sont amenés à reconnaître la ou les maladie(s) dont on parle (anorexie et boulimie), puis à dire ce qu'ils savent au sujet de ces maladies. Une autre phase que je choisirais pour le cours est la phase constructive : après avoir reçu des informations sur l'anorexie et la boulimie, l'élève lit un passage où Emma parle de sa maladie. Il est invité à répondre à Emma en se basant sur ses connaissances au sujet de la maladie ainsi que sur les valeurs qu'il souhaite défendre.
     Pour finir, ce livre figurerait dans la liste qui suggère aux élèves des lectures personnelles, mais il est clair que dans mon futur métier, j'essaierai d'aborder ce livre tant je le trouve important !

vendredi 3 mai 2013

Des fleurs pour Algernon, Daniel KEYES

Cela fait déjà trois mois que j'ai lu Des fleurs pour Algernon et j'en garde un très bon souvenir ! 

Petite parenthèse au sujet du genre : la science-fiction commencerait-elle à me plaire ?!

Pour entamer ce post, un aperçu des premières de couvertures existantes...


  

  


     Un choix vaste donc, mais une couverture en particulier attire mon attention : la quatrième. Je ne sais pas si elle m'attire parce que la mise en scène diffère un peu des autres couvertures - qui représentent essentiellement la souris Algernon -, mais je la trouve plus intéressante. 
     Sur cette couverture, on voit la coupe d'une tête et de son cerveau. Au niveau de l'oreille gauche se trouvent des engrenages. Ces engrenages me font directement penser au fonctionnement du cerveau, zone expérimentée sur Charlie et Algernon par les scientifiques. Le cerveau, cette "machine" dont le fonctionnement doit être parfaitement régulé, le dysfonctionnement d'un de ses engrenages peut avoir des conséquences désastreuses...
     Au centre de cette tête se trouve un petit garçon, le Charlie simple d'esprit qui le guette. Selon moi, il représente la menace que le Charlie intelligent ressent lorsque ses facultés intellectuelles commencent à défaillir. 
Réflexion personnelle : L'Autre est présent jusque dans les systèmes les plus complexes de notre corps...
     En dessous de cette illustration figure le titre du roman. Personnellement, j'apprécie les deux types de police : la première partie "Des fleurs pour" est une police assez enfantine et poétique, la seconde "Algernon" est connotée de manière plus scientifique et me fait penser au genre de la science-fiction. On retrouve la souris Algernon dans la seconde partie du titre, au niveau du L. Ici, je ne sais pas si j'en extrapole le sens, mais la position de l'animal me semble étudiée de manière à faire référence à une souris d'ordinateur, ce qui constitue une fois de plus un rappel à la science et à l'expérimentation.

Après l'étude du paratexte, passons au texte !


     Charlie Gordon, un débile mental de 33 ans devient le cobaye d'une expérience scientifique visant à lui donner une intelligence supérieure. Cette expérience est également testée sur une souris de laboratoire appelée Algernon.
     Avant de subir l'opération, Charlie est invité à rédiger des "conte-randu" pour faire part de ses émotions et de son ressenti. Algernon quant à elle a déjà subi l'intervention, qui semble avoir été menée à bien.
     Au tour de Charlie donc, de subir l'opération qui fera augmenter petit à petit son intelligence. L'intervention a fonctionné : Charlie devient un génie, jusqu'à dépasser l'intelligence des scientifiques et découvrir avant eux la faille de cette expérience, dont il est pourtant le sujet... Toutefois, si l'intelligence de Charlie ne cesse de croître, il n'en est pas de même pour sa maturité émotionnelle, qui n'a pas le temps d'évoluer aussi vite. Il se retrouve confronté à des problèmes jamais envisagés auparavant... Charlie arrive en solitaire à l'apogée de son intelligence, ses proches se retrouvant dépassés par une intelligence qu'ils ne peuvent comprendre.
     Arrive déjà le triste moment de la baisse de ses facultés. Tout en suivant le cas d'Algernon - qui voit également son intelligence baisser au même rythme qu'elle a progressé - Charlie se sent menacé par son autre lui qui refait surface... 

     Voilà une très belle histoire qui me laisse néanmoins un petit goût amer concernant la mère de Charlie, que j'aurais voulu gifler à plusieurs reprises. La personnalité de cette femme permet toutefois une première réflexion sur l'intelligence, à savoir "qu'est-ce qu'une intelligence dite normale ?". Réflexion qui peut d'ailleurs s'étendre à une foule entière :-)
     Selon moi, ce roman est d'autant plus touchant, plus intéressant pour l'époque puisque  ce livre a été publié en 1960, époque où le handicap mental était bien moins étudié et compris qu'à l'heure actuelle !

     Ce livre m'a beaucoup émue notamment parce qu'il humanise le débile mental qu'est Charlie et pose de nombreuses questions sur la valeur de l'intelligence. Si les handicapés mentaux sont de mieux en mieux pris en charge par des institutions, je me demande s'ils sont pour autant considérés en tant que personnes. Cette réflexion a fait beaucoup de chemin chez moi. En effet, j'ai moi-même tendance à amoindrir la personnalité d'un handicapé et être en leur présence me gêne malgré moi. Je ne pense pas qu'il s'agisse de discrimination de ma part, mais plutôt d'une forme de peur et de "dégoût" qui m'empêche souvent d'aller au-delà. En espérant que la rencontre avec Charlie puisse s'appliquer à la réalité !
     Si la spécificité de l'écriture m'a posé problème en commençant ce livre, elle n'en reste pas moins un très bon choix de la part de l'auteur ! Les toutes premières lignes de ce roman nous laissent deviner, avant de dévoiler clairement l'information, que l'on a affaire à un débile mental, et je trouve ça très intelligent ! Cette écriture s'améliore au fil du temps et atteste de l'évolution intellectuelle du personnage. L'adéquation fond-forme est très forte...

     Quelques livres après avoir lu le Charlie intelligent menacé par le débile qui refait surface, j'ai eu sous les yeux Chagrin d'école de Daniel Pennac. Même si je suis beaucoup moins enthousiaste à l'idée de ce livre, je n'ai pu m'empêcher de voir un point commun chez Charlie et Pennac : la menace omniprésente de leur alter-ego. Pour Charlie, nous connaissons sa fin ...mais pour Pennac, lequel des deux parviendra à avoir le dessus ?!
     Autre livre avec lequel Des fleurs pour Algernon peut être mis en commun : il s'agit de Comment je suis devenu stupide de Martin Page. En fait, cette mise en commun relève plutôt d'une opposition : alors que Charlie pense que devenir intelligent l'aidera à se faire aimer, Antoine quant à lui tente de devenir stupide, parce qu'il se sent handicapé par son intelligence ! Tous deux rebrousseront chemin, déçus de ce qui se trouve "de l'autre côté"... Personnellement, je trouve fort intéressant de la part de ces deux auteurs de pointer les vices de l'intelligence et ses différentes formes...
"L'intelligence est la faculté à l'aide de laquelle nous comprenons finalement que tout est incompréhensible" M. Maeterlinck

     D'un point de vue pédagogique, ce roman nous apprend que l'intelligence seule ne signifie pas grand chose. Il nous rappelle aussi que l'intelligence et l'instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher. La présence d'un instituteur et d'un prof reste essentielle pour l'apprentissage. Voilà qui met un peu de baume au cœur, à l'heure  où l'apprentissage se trouve partout et nulle part à la fois, à l'heure de Wikipédia par exemple, qui laisse croire aux élèves qu'ils peuvent intégrer seuls des savoirs...
     Plus concrètement, ce roman peut bien sûr être étudié en troisième secondaire pour l'étude du genre de la science-fiction. Personnellement, je préfère l'analyse d'extraits plutôt que la lecture complète du récit, car celui-ci peut selon moi se révéler encore assez compliqué dans certaines classes.
     Ce texte s'accorde aussi très bien avec le cours de morale. Voici quelques passages que j'ai relevés lors de la lecture et qui pourraient débuter une phase libérative, formative ou constructive...
"Je respecte la manière dont il s'y consacre - et peut-être plus encore parce qu'il n'est qu'un homme ordinaire qui essaie de faire une oeuvre de grand homme alors que tous les grands hommes sont tous occupés à faire des bombes."

"Néanmoins, il reste effrayant que notre destin soit entre les mains d'hommes qui ne sont pas les géants que je croyais naguère, mais simplement des hommes qui ne connaissent pas la solution de tous les problèmes"

"Un QI ne pèse pas du tout l'intelligence. Il dit qu'un QI indique jusqu'où peut aller votre intelligence comme les chiffres sur un verre à mesurer. Encore faut-il remplir le verre avec quelque chose."


Des fleurs pour Algernon a été adapté en téléfilm en 2006. Voici la bande annonce de son adaptation au théâtre parisien du Petit Saint-Martin. 
PS: Je suis loin d'être une spécialiste en matière de théâtre, mais de ce que je peux voir dans cette vidéo, l'interprétation de l'acteur me plaît !

lundi 25 mars 2013

Rencontre avec Brigitte Smadja

Chère Marie,


Nous avons récemment eu ton histoire en main et ce fut un régal de lire les quelques cent nonante-et-une pages de la version 1.2 de ta vie.
Sans s’en rendre compte, nous nous sommes toutes reconnues à travers ton témoignage et c’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles nous t’écrivons aujourd’hui.
Cependant, certaines questions demeurent sans réponse et nous préférons nous adresser directement à la principale intéressée avant de consulter la future Marie, celle qui nous livrera son histoire très prochainement, je l’espère.

Tout d’abord, nous souhaiterions savoir où en est ta relation avec l’amour de ta vie, Samuel.
L’as-tu revu ? Si oui, comment cela s’est-il passé ? D’après ce que Karim t’a reporté, on dirait bien que tu ne t’es peut-être pas trompée à son sujet. Il se pourrait bien que ton amour pour lui ne soit pas à sens unique. Fonce ! Nous avons hâte d’en savoir plus !

Ensuite, (et nous nous excusons pour ce côté voyeuriste, reporte la faute sur les réseaux sociaux et la transparence de la majorité des individus qui y sont inscrits) nous avons remarqué que tu étais fort taiseuse à propos de Pierre Kahn. Avant de le connaître, avec Louise, tu n’avais d’yeux que pour elle, et ce depuis le début de ton année dans ce nouveau lycée. Es-tu vraiment tombée sous son charme le temps d’une journée ? Qu’est-ce qui t’a le plus attirée en lui ?
Pardonne-nous ces questions indiscrètes mais quel fut notre étonnement lorsque tu confies votre aventure !
Pierre Kahn et l’amour qu’il éprouvait pour toi en secret depuis plusieurs mois… Et tu affirmes ne rien avoir constaté durant tout ce temps mais est-ce la vérité ? Voyais-tu en lui la Marie que tu étais avec Samuel lorsque vous étiez encore enfants, celle qui a souffert du manque d’attention de son amoureux secret ?

Nous aimerions également te donner un conseil à propos de Karim. Surtout, respecte-le, il a vraiment l’air de tenir à toi malgré votre dispute. Des amis comme lui, on en a peu et c’est ce qui le rend précieux. Et, entre nous, quel gentleman … !

Enfin, nous nous demandons si tu resteras dans le même bahut l’année prochaine et si tu comptes revoir Louise et Pierre à la rentrée. A propos, as-tu gardé contact avec eux ? Nous te souhaitons également d’élargir ton cercle d’amis à l’école bien que la tâche soit compliquée au vu du manque de popularité de ton amie Louise.

Nous nous réjouissons de te lire à nouveau et d’avoir réponse à ses nombreuses questions, chère Marie.

Nous t’embrassons,

Tes lectrices, Alice, Célia et Laure.

P.S. : les beignets à la fleur d’oranger de ta maman ont mis l’eau à la bouche de tes trois fans dès le début de ton récit. Nous avons tenté l’expérience de nombreuses fois à la maison, en vain… Nous insistons pour avoir la recette d’une experte ! Pourrais-tu demander à ta maman de partager son secret ? Nous en salivons déjà !

Lettre à Marie (J'ai hâte de vieillir)

Voici ce que nous avons décidé de faire avec les différentes exploitations pédagogiques possibles. Moi qui étais dubitative, je dois avouer que cette lettre à un personnage s'est avérée très plaisante ! Pour la rédaction de cette lettre, nous avons réalisé que nous avions des tonnes de questions à poser à Marie. Certaines questions étaient clairement voyeuristes et curieuses, ce qui a, à mon sens, rendu l’activité très vivante pour la commère que je peux être. Je suis convaincue que cette exploitation pédagogique est à proposer aux élèves pour presque chaque lecture. En effet, nous sommes souvent passifs face à un livre. Nous le lisons, nous tentons de comprendre ce que l'auteur nous dit mais nous allons rarement plus loin. Ici, écrire une lettre à un personnage éveille à la réflexion, à l'envie de connaître la suite si elle existe et pourquoi pas de suggérer une suite ! Parmi les autres exploitations pédagogiques, une m'a plu. Il s'agit de la réécriture de la fin du récit. Ici aussi, je pense que cette activité rend réellement le lecteur actif dans sa lecture. Il ne se contente pas de recevoir les informations qu'on lui donne, mais s'exprime s'il n'est pas satisfait. Après tout, chacun retire d'une histoire ce qu'il veut en retirer, que ce soit mal ou pas, c'est ainsi que fonctionnent beaucoup de personnes...

Passons à la rencontre, ce mardi 5 mars et entrons dans le vif du sujet :

Ce type de rencontre n'est pas pour moi. J'ai passé plus de temps à m'énerver sur les réactions de certains qu'à réellement boire les paroles de l'oratrice. Vu mon tempérament, je m'y attendais. Il y a eu certains moments où j'aurais voulu rentrer sous terre. Il y a eu de nombreux instants où je pensais "Oh non, beaucoup trop caricaturale cette femme, on croirait voir Edith Piaf la tragique". Je ne sais pas si c'est un manque de respect de ma part, mais c'est réellement ce que j'ai pensé, dans la même veine que mes premières impressions après avoir lu "Mon écrivain préféré". 
Que les choses soient claires : ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé que je n'y vois aucun intérêt pédagogique ! J'ai parlé plus haut en tant qu'Alice, mais si je parlais en tant que future prof, je dirais que la rencontre entre un écrivain et une classe peut être une réelle source de motivation, car de cette rencontre peuvent aboutir de nombreux projets. Cela peut aussi bien concerner la simple lecture d'un livre que l'élaboration de toute une séquence de français. De plus, rencontrer un écrivain, c'est jouer sur l'affectif. Je pense que de manière générale, cette méthode est une méthode qui fonctionne bien auprès des élèves. Ceux-ci sont motivés parce qu'ils ont le sentiment de connaître un peu l'auteur et se sentent donc bien plus concernés. Autre aspect positif à la rencontre écrivain-élèves, c'est que l'on fait découvrir aux élèves qu'un écrivain n'est pas toujours quelqu'un qui est mort ! Cette anecdote nous a souvent été répétée depuis le début de notre cursus, je l'ai encore constaté en stage !

En conclusion, je suis "mi figue, mi raisin". D'un point de vue personnel, il y a pour moi à boire et à manger dans ce type d'activité, mais d'un point de vue pédagogique, elle prend tout son sens !

Lectures au sujet de Brigitte Smadja...

Il y a maintenant 3 semaines, nous avons rencontré Brigitte Smadja. Trois semaines déjà, trois semaines seulement.
Avant d’entamer ce post, je tiens à apporter quelques précisions : j'ai éprouvé et éprouve toujours beaucoup de difficultés quant à un avis à donner ! J'ai longtemps réfléchi à la question, l'ai longtemps repoussée au lendemain tant je suis [presque] passée par tous les sentiments... Ce qui est certain, c'est que j'ai le sentiment d'avoir à la fois touché de très près, puis de très loin cette femme, ce personnage. Personnellement, c'est quelque chose d'assez compliqué pour moi. Je me réserve beaucoup.
Pour l'écriture de ce post, je décide donc de procéder par ordre chronologique, de manière à maintenir au moins un aspect objectif !

I. "Mon écrivain préféré"
De manière à bien préparer la rencontre, nous avons reçu de Mme Centi le livret de la série "Mon écrivain préféré" consacré à Brigitte Smadja. De cette façon, nous nous sommes familiarisés avec le personnage, l'écrivain, mais pas que. Nous avons également reçu un catalogue de la collection théâtre de l'école des loisirs, collection dirigée par Brigitte Smadja. Voilà donc deux choses que nous savons maintenant : Brigitte Smadja est écrivain, éditrice, femme, professeur, amie et bien d'autres choses encore.
Après lecture de "Mon écrivain préféré", j'étais sceptique. Je me souviens l'avoir dit en classe d'ailleurs. En fait, j'avais vraiment le sentiment que la personne qu'on me décrivait était "trop". Pour moi, ça manquait parfois de nuance (Demandez à mes proches, je suis insupportable à toujours vouloir faire entrer en compte la Nuance) et j'avais même l'impression que je n'allais pas aimer cette femme ! À côté de ça, il y a tout de même des points que j'ai aimés dans ce livret, notamment lorsque je lis : "L'école représentait une échappée extraordinaire hors du monde étriqué dans lequel je vivais.". Le lien que je vais faire peut paraître surprenant, mais je ne peux m'empêcher de penser à Karl Lagerfeld ! En effet, je suis assez étonnée voire fascinée par cette détermination que certains ont dès leur plus jeune âge : si Brigitte Smadja a pris conscience très tôt du rôle de l'école comme moyen d'émancipation sociale, Karl Lagerfeld, lui aussi, dit "Très jeune, j'étais déjà certain de vouloir me tirer de cette campagne allemande". Tous deux y sont parvenus ! C'est vital d'avoir des figures d'exemple et d'optimisme à mon sens.

II. Choisir, c'est renoncer.
Voici le moment où il nous faut réfléchir et faire un choix. Voici le mien : parmi les textes de Smadja, je choisis "J'ai hâte de vieillir"; je me penche sur "Le Mioche" de Philippe Aufort pour la collection théâtre.


Ah, j'ai hâte de vieillir ! Comme vous pouvez le constater, le livre fonctionne mieux chez moi que la présentation de son auteur. J'ai apprécié ce livre et je le recommanderais à de nombreuses adolescentes ! Je me suis beaucoup reconnue dans ce texte, je suis d'ailleurs étonnée de constater à quel point cela m'a parlé alors que 6 années se sont déjà écoulées depuis mes 16 ans (note à moi-même : on va arrêter de faire le décompte des années, ça fait mal). Selon moi, ce livre est très féminin, il exprime vraiment ce que peut ressentir une fille de cette tranche d'âge et chose très importante : il met fin à l'idée "on ne peut pas savoir ce que c'est de l'Amour à 16 ans!". Pour cette raison, je pense que j'aurais sans doute plus tendance à prescrire ce livre au cours de morale, plus particulièrement en phase libérative pour une leçon sur l'amour, même si cette pratique doit être rarissime !

La Guerre... Voilà bien un sujet qui ne me laisse pas indifférente, c'est sans doute une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de lire Le Mioche. Le résultat chez moi est sans appel : j'aime vraiment cette pièce. Tellement de choses à dire à ce sujet... Tout d'abord je pense que la Guerre est un thème qui nous a toujours concernés et nous concernera toujours : notre passé, notre Histoire nous renvoient très souvent à une guerre. 
La dernière n'a d'ailleurs pas encore fêté ses 70 ans ! La Guerre, c'est à la fois le mal et le bien pour moi. Le mal parce qu'elle dévaste des peuples et des pays; le "bien" parce qu'elle a néanmoins de tristes utilités dans une société, notamment celle de réguler la population. Par les temps qui courent, il me semble vital de prêter attention à la thématique de la guerre. Selon moi, admettre qu'elle a ses bons côtés et peut représenter une tentation est une meilleure défense face aux dérives que nous subissons dans notre pays, au sein de l'Europe et dans le monde entier. C'est dans cette optique que j'ai entamé la lecture du Mioche. Une autre qualité de cette pièce est qu'elle est très poétique, très pudique. Les mots sont joliment choisis, voici un passage qui m'a beaucoup émue, tant sur le fond que sur la forme :
Moi, je ne te dis pas mon nom... Je l'ai perdu mon nom... Maintenant c'est mon histoire : un jour Tonton les Gosses m'attrape, comme toi, comme nous, pour tuer les monstres. On boit et on me drogue avec du nikril pour que mon nom, enfin moi, tue les monstres...Mon père ma mère et ma famille ne sont pas des monstres... Mon nom, enfin moi, ne voyait plus que ma famille n'était pas des monstres... Mon nom, enfin moi, qui avait bu le nikril tu vois... Mon nom, moi a tué mon père ma mère et ma famille tout en même temps avec une kalachnok... Alors je peux pas vivre avec mon nom...Mon nom, moi, n'existe plus maintenant, il s'est tué en tuant ma famille. Ce n'est pas grave de n'avoir plus de nom... Ce n'est pas si grave... hein ? ... hein? Alors comment tu t'appelles ?

Prochaine étape : compte-rendu sur la rencontre et exploitations pédagogiques !

samedi 23 février 2013

CASSIDY A., L'Affaire Jennifer Jones

Gros sentiment d'injustice !

J'ai apprécié ce livre, mais je le dis d'entrée, je ne suis pas satisfaite de la façon dont ce récit se termine. En fait, je pense que dès le départ, le principe du roman en lui-même ne me satisfait pas. Je m'explique : Jennifer a tué une fillette de son âge, jusque là, c'est vrai qu'il y a plus sympa comme action. Par contre, il me semble que les autorités en vigueur dans le roman aient oublié que l'acte ait été fait par une enfant de dix ans.  - Dix ans, allô ? - Je me pose donc des questions sur la cohérence du récit au sujet du procédé de justice... S'il y a, par contre, un aspect plaisant dans ce roman, c'est bien celui que cette histoire illustre parfaitement l'empressement et l'idiotie des médias à sensation, lorsque l'on évoque des titres du style "Le sourire d'une meurtrière". Non seulement, au niveau de l'histoire de JJ, cela montre bien que tout l'aspect psychologique a été parfaitement ignoré, mais je ne peux m'empêcher de faire de gros parallèles avec nos médias et penser à certaines émissions diffusées chez nous avec des titres terribles et qui envoient du lourd du style "Les orages de la vie".
Revenons au roman :  il y a une autre grosse injustice, et peut-être erreur de l'auteur selon moi : la non remise en question de la mère, être idiot et superficiel qui a une grande part de responsabilité dans l'acte meurtrier de sa fille. Pour cette femme, tout se déroule au mieux, la fin laisse deviner que jamais elle ne verra l'envers de la médaille, alors que sa fille se voit encore, six ans après, forcée de fuir. C'est donc une fin triste et démoralisante de savoir cette femme dans une position assez confortable.

Malgré ce ressenti quelque peu amer, je pense que ce livre conviendrait parfaitement à une classe de troisième secondaire ou quatrième de qualification. En effet, les relations sont très bien décrites, et nous rappellent celles que nous entretenions avec nos amis durant l'enfance, l'adolescence. Les thèmes de l'amour et de la découverte de la sexualité sont présents, et ne sont ni trop, ni trop peu explicites. En effet, je pense que le "tabou" devrait être plus souvent abordé par le biais de romans de la sorte. Selon moi, cela aiderait certains jeunes à se sentir plus à l'aise avec ces sentiments nouveaux, parfois difficiles à interpréter et à gérer.



Un autre aspect positif de ce livre est sa présentation en elle-même. L'objet-livre est très réussi. Les première et quatrième de couverture sont très attrayantes et jouent avec plusieurs de nos sens : au toucher, on sent le relief ; à la vue, le rouge vif nous "agresse", nous interpelle et le montage d'un corps fait de journal en papier, de gros titres, nous intrigue. On décide de retourner le livre pour lire le résumé apéritif, et on s'aperçoit que lui aussi, est bien conçu et nous amène à un tas de questions puisque savoir qu'une fillette de dix ans en a tué une autre est tout sauf habituel dans notre quotidien !

lundi 28 janvier 2013

Retour au calme : Junk

J'ai terminé le livre le lendemain matin. 

Avant toute chose, faisons un bref retour sur ce que j'ai dit dans mes premières impressions... Visiblement, je me suis arrêtée au moment où il ne le fallait pas, parce que dès que j'ai recommencé à lire, je me suis un peu calmée, quoique. Je vais laisser mon premier post, même si je suis un peu "gênée" de la manière dont je peux m'emporter ! On l'aura remarqué maintenant, je suis assez nerveuse et j'ai parfois du mal avec la tolérance tellement mes nerfs bouillonnent ! Néanmoins, moi qui croyais au début que ce livre n'allait absolument pas m'intéresser car il traitait d'un sujet qui ne m'a jamais vraiment touchée, je me suis trompée puisque l'avoir fini aussi rapidement me prouve que j'y ai tout de même trouvé un intérêt. Il m'a d'ailleurs permis de me souvenir que j'avais vraiment aimé Trainspotting, qui traite pourtant de ce même sujet, qui n'est pas susceptible de m'intéresser.

Retour sur le livre maintenant...

     De manière générale, j'ai aimé mais je suis très partagée. Je crois que je suis quasiment incapable d'émettre un avis sur ce que j'ai réellement aimé, parce que j'ai toujours tendance à prendre le contre pied de ce que j'avance. En voici quelques preuves...
     J'ai peut-être été sévère avec Richard : je l'ai jugé très vite et je n'aurais peut-être pas dû puisqu'il se révèle en fait être un des moins cinglés dans cette histoire. Je ne sais même pas s'il s'améliore réellement au cours de l'histoire, ou si je l'ai tout simplement préféré parce qu'il contraste avec les deux autres "yeah yeah pique-toi, meurs demain si tu veux mais sois cool". Parce que ces deux-là, c'est sûr, je ne peux pas être tolérante !
    En ce qui concerne Gemma, je me suis un peu calmée aussi : j'ai vraiment ressenti du dégoût et de la haine envers elle pendant une grande partie de l'histoire, puis ça s'est apaisé quand elle a pris conscience de son amour pour Nico, à ce moment-là je me suis dit "elle s'ouvre enfin à quelqu'un d'autre qu'elle !". Pourtant, je ne suis pas une férue des histoires d'amours, je ne suis pas constamment dans l'attente d'une explosion de petits cœurs, mais ici j'ai vraiment trouvé que ça marquait en elle une évolution. Son évolution a progressé avec pour élément décisif sa grossesse. Là encore, je ne peux qu'applaudir sa prise de conscience, puisque l'on nous montre que tout le monde n'est pas capable d'en faire autant, même pour un enfant (cf Lily). Mais là aussi, je suis partagée. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à certains moments qu'il était dommage de toujours prendre la grossesse comme L'élément décisif pour la prise de conscience, et que j'aurais trouvé plus intéressant qu'elle le fasse vraiment pour elle. Ici je n'appuie aucune certitude, je suis encore trop partagée quant au thème de la grossesse en elle-même et ça a joué, vous le voyez. Un aspect que j'ai beaucoup apprécié, cette fois sans contre pied, est la réflexion au sujet de la personne que l'on devient en fonction du contexte dans lequel on vit, on évolue : la Gemma de Minely n'est pas la Gemma de Bristol. Je dois avouer que je me suis assez amusée, ou parfois l'inverse, à imaginer ce que je serais SI...
Au final, je regrette qu'elle s'en sorte aussi bien - même si elle a du mérite -, contrairement à Nico, à qui je m'étais plus attachée. Mais même si je suis triste pour Nico, je suis contente que l'histoire ne se termine pas sur un "tout est bien qui finit bien" comme on a tendance à le faire en littérature jeunesse. On vise un public plus âgé que celui de Cornebique bien sûr, et je trouve intéressant de donner aux jeunes une histoire où tout n'est pas noir, mais tout n'est pas blanc non plus. Cela pousse bien plus à la réflexion je trouve...

D'un point de vue pédagogique....

     Durant toute la lecture de ce livre, ça m'a sauté aux yeux : le cours de morale ! Cette histoire aborde essentiellement le thème de la drogue, je ne vous apprends rien. Il va donc de soi que de nombreux extraits pourraient être repris pour être donnés aux élèves. Voici un exemple d'extrait que j'avais sélectionné par s'insérer en phase libérative :
Je suis resté là avec mes deux misérables comprimés contre le mal de tête jusqu'à ce qu'un maton me sorte d'autorité de la pièce. J'étais effondré. Deux comprimés de paracétamol ! Ça devait être contraire à la Convention de Genève, ce n'était pas possible. Je veux dire, la prison je pouvais comprendre. À la limite, des électrodes dans le derrière, aussi. Mais seulement deux comprimés de paracétamol en pleine descente de méthadone, c'était vraiment inhumain.
J'ai choisi celui-ci, mais il doit y avoir bon nombre d'autres extraits possibles à insérer dans une leçon de morale, tant pour une phase libérative, formative ou constructive.
     Pour le cours de français cette fois, je vois peut-être moins d'exploitations possibles, mais le livre me paraît être un bon outil pour étudier la polyphonie d'un récit. L'enfant-Océan de Mourlevat avait  déjà cet aspect, mais celui-ci est intéressant dans le sens où il nous montre comment, par le biais de la polyphonie, le lecteur peut être manipulé par un narrateur, se sentir tout petit face à ce qu'il lit, ou au contraire, juger.
Voici quelques exemples, ce qui m'a plu, m'a reliée à certains avis tout en étant consciente que le discours était orienté par un/une héroïnomane :
C'est le problème de la plupart des gens. Ils rêvent d'être éternels. Alors, quand on leur annonce qu'on veut juste vivre sa vie, et que si ça signifie mourir dans trois ans, ce n'est pas grave, ça les rend fous. Mais qu'est-ce qu'ils peuvent répondre à cela ? À partir du moment où on décide que ça n'a aucune importance de ne jamais avoir vingt ans, il n'y a plus rien à dire contre l'héroïne, non ?
Ouais, c'est aussi dégradant que d'aller au boulot cinq jours par semaine. De descendre à la mine. De passer sa vie dans un bureau pendant que le soleil brille pour les autres. De se marier, d'avoir des gosses et de s'apercevoir que son mari n'est qu'un connard qui vous bat et qui veut faire ça tous les jours sans que vous ayez le droit de dire non, même si  vous le détestez, tout ça pour gagner moins d'argent en une semaine que Lily en deux heures.

Bien sûr, ça, ils ne vous le diront jamais. Ce n'est pas qu'ils veulent vous empêcher de vous droguer. Au contraire. Le truc, c'est qu'ils veulent être sûrs que vous prenez les bonnes drogues. Ça fait partie du contrôle mental. Le tabac, l'alcool, les médicaments, c'est bon. Le hasch, l'acide, l'héro, c'est mauvais.
 Et j'en passe évidemment !
En conclusion, je dois bien admettre que ce livre m'a plu !

mercredi 16 janvier 2013

Exercice d'écriture à partir du tableau "Le cauchemar" de Füssli


Voici un exercice que nous a demandé Mme Audin. Au départ, nous recevons une peinture par groupe de deux. Nous avons reçu "Le cauchemar" de Füssli. Après divers exercices, nous avons eu pour tâche de rédiger l'histoire de ce tableau et de considérer celui-ci comme étant la situation finale de notre nouvelle. 


     Aujourd'hui, c'est la dernière ligne droite avant la fin de ce procès qui me préoccupe depuis des semaines. Des heures et des heures passées à chercher la faille qui pourra sauver mon client de la condamnation, des nuits entières à travailler et la solution m'est apparue comme si je l'avais toujours eue sous les yeux : faute de procédure lors de l'arrestation. Le juge appelle mon client à la barre, j'espère que tout se passera bien. En principe, ça devrait ; on s'est assez bien préparés. Nous venons encore de réviser sa défense.
     Ce n'est pas l'affaire la plus facile dont je m'occupe : viol sur mineure suivi d'un meurtre. Vraiment pas le genre d'affaire qui enchante le plus les jurés... Mais j'ai confiance, car sans me vanter, je suis la meilleure dans mon domaine. Jusqu'ici, aucune bourde : mon client est calme et répond aux questions qui lui sont posées avec fluidité et décontraction. Pour peu, on croirait qu'il est simplement accusé d'avoir volé un bonbon. Ça y est, chaque partie a interrogé l'accusé et les jurés se retirent pour délibérer. Je pense qu'on va gagner, mais rien n'est encore joué. J'ai bien fait d'invoquer la faute de procédure lors de l'arrestation de mon client, cette faute devrait le sauver. Je sais qu'il est coupable, mais je me dois de le défendre, pour mon bien vous comprenez. J'ai tellement besoin d'argent. Non pas parce que je n'en ai pas, au contraire je vis très bien : je suis issue d'un milieu aisé et possède plusieurs appartements en ville. Si j'ai besoin de cet argent, c'est bien pour pouvoir enfin clouer le bec à mon père qui me pense incapable de réussir comme lui. Puis après tout, c'est le propre de l'homme de toujours vouloir plus... Je ne fais pas exception à la règle.
     Les jurés ont fini de délibérer et déclarent l'accusé non coupable. Même si j'étais persuadée de gagner, me voilà soulagée. Il y a toujours un doute, mais maintenant je sais que j'aurai mon argent et je me fiche de savoir si oui ou non mon client a violé et tué cette jeune enfant ; tout ce qui m'importe, c'est mon salaire et ma réussite, peu importe qui je dois défendre pour ça. Je suis persuadée d'avoir fait le bon choix et la culpabilité ne m'effleure même pas.
     En sortant du tribunal, je croise les parents de la victime. La mère est effondrée : elle pleure et crie justice ; le père quant à lui me lance un regard mauvais, va jusqu'à m'insulter et me maudire pour mon insensibilité. Je n'en ai cure, j'ai fait mon travail, je serai payée pour, ça s'arrête là. Mon client n'aura pas cette chance : il se fera assassiner par le père de la victime, qui devra purger la peine dont mon client aurait dû écoper si l'on n'avait pas gagné le procès. Des vies sont gâchées à cause de moi, mais je n'en ressens pas la moindre culpabilité. Après tout, je vis pour moi et non pas pour les autres.
    J'ai touché plus d'argent que ce que je ne l'espérais. La belle vie m'attend et mon père en restera muet. Je ne tarde pas à m'acheter une belle maison à la campagne et m'y installe très vite, j'ai même engagé un majordome. Je suis vraiment devenue quelqu'un et n'en suis pas peu fière. J'organise une petite soirée et invite mes parents pour qu'ils constatent ma réussite. On mange et boit à foison. Ma mère est fière de moi, mais mon père trouve honteux que je m'en sorte en ayant protégé quelqu'un que je savais coupable. Il est jaloux, voilà tout ! La soirée s'achève et tout le monde part, mon père me dit en partant qu'un beau jour, je devrai payer pour ce que j'ai fait et que la culpabilité me rattrapera plus vite que je ne le pense. Je n'en suis pas persuadée. Qui donc pourrait me juger parce que j'ai fait mon travail ?! J'ai fait le bon choix et je l'ai fait pour moi et personne d'autre, tant pis si à lui, ça ne lui plaît pas. Après cette soirée plutôt réussie, je décide d'aller me coucher. Arrivée dans ma chambre, je sens que quelque chose ne va pas. Je chancèle, ma vue se brouille et je me sens mal. J'appelle mon majordome et lui demande de m'aider. Il me regarde et un sourire se dessine sur son visage. Il m'annonce que mon père avait raison et que ce soir, justice sera faite. Il m'explique alors que la victime de mon client était sa nièce. Effroi. C'était une petite fille très gentille qui faisait le bonheur de ses parents. Tous les jours, elle allait aider sa vieille voisine à entretenir sa maison, sortait son chien et nourrissait ses chats. Bref, la petite fille que tout parent rêve d'avoir. Déterminé à la venger, il s'est fait engager chez moi et a fini par m'empoisonner. Je comprends que je vais mourir. La peur commence à s'insinuer en moi, ensuite le regret, puis le pire : la culpabilité. Pendant qu'il m'observe, je divague et commence à halluciner, je vois des êtres difformes et effrayants : une gargouille, une tête de cheval au regard fou, le tout dans une ambiance lugubre. Qu'est-ce que cela signifie ? Que représentent-ils ? La mort ? La peur ? Non, ce n'est rien de ça. Ces créatures sont ma culpabilité qui vient me hanter, elles sont les représentations du mal que j'ai fait, de l'injustice que j'ai laissé opérer et je vais mourir accompagnée du sentiment que je redoutais le plus...

jeudi 10 janvier 2013

Junk, Melvin Brugges

J'ai commencé Junk aujourd'hui. 
J'en suis à la page 140 et jusqu'ici, je peux affirmer une chose : je déteste Gemma. Elle est tout ce que je déteste ! Une petite idiote totalement immature - savoir qu'elle a 13 ans ne me permet pas d'être indulgente -, issue d'une famille de saisis (pour éviter les grossièretés) à l'éducation douteuse et pathétique. Gemma donne vraiment l'impression d'être prédestinée à être mauvaise. Ingrate, égoïste, bête, et j'en passe. Autre idiot du village : Richard. Celui-là, qu'on ne me fasse pas croire qu'il n'est pas à côté de la plaque et que ses veines sont encore parmi nous ! Les grandes idées de ce gars montrent tout à fait les limites de sa pensée. Heureusement qu'on nous pose comme cadre les années 80, parce que sinon je risquerais d'être encore moins tolérante.
 Bon, voici ce que donne chez moi une réaction à vif, c'est fort en ressenti, voire hargneux, je le reconnais. 
Enfin, il y a quand même quelques points que j'apprécie dans ce texte. Premièrement, un aspect qui me plait est la polyphonie du récit, même si elle est sans doute la raison pour laquelle je m'énerve autant pendant ma lecture ! Toutefois, elle m'a permis d'apprécier un personnage jusqu'ici, qui est Skolly. Je crains qu'il ne soit le seul avec qui je tombe d'accord, et surtout, de ne plus le revoir au fil de ma lecture. C'est dommage, parce qu'il exprime assez bien ce qui me met hors de moi, ou plus légèrement, ce qui me fait sourire, un peu moqueuse. Voici quelques exemples :
David est allé aider Richard à préparer les hamburgers, et en un rien de temps, ils discutaient squat, anarchie, droit de l'individu à enfreindre la loi, ce genre de bêtises.

Il était fou de joie à l'idée de m'avoir fait bouffer ces machins. Il gloussait et il pouffait en douce. Il a dû croire que j'allais virer anar parce que j'avais avalé deux hamburgers aux haricots. Moi, ça m'est égal, sauf que les boucles d'oreilles ne me vont pas et que mon crâne chauve m'interdit la crête. Je n'ai pas eu le coeur de lui dire que ma bonne femme utilisait régulièrement du soja.

Merde alors, c'était pas une petite vieille ce gamin ! Il squattait une propriété privée, quand même. Fallait pas charrier et faire la morale aux gars qui traficotaient un peu. Je ne supporte pas ce genre d'hypocrisie. Elle fonctionne dans les deux sens, remarquez.